France

Tout comprendre à la mystérieuse pollution aux microbilles de plastique qui souille le littoral atlantique

C’est une mystérieuse pollution qui inquiète les autorités et tous les amoureux de l’océan. Depuis fin novembre, les plages du littoral atlantique sont littéralement envahies par des centaines de milliers de microbilles en plastique, aussi appelées « larmes de sirène ». Après le Finistère, ces granulés de plastiques industriels déferlent en masse sur les côtes du Morbihan, de la Loire-Atlantique et de la Vendée depuis plusieurs semaines, recouvrant le sable à perte de vue. 

L’origine de ces microbilles demeure pour l’heure un mystère même si la piste la plus probable est la chute de conteneurs en mer. En attendant de trouver le ou les responsables, plusieurs plaintes ont été déposées contre X, la dernière émanant du conseil départemental du Finistère qui déplore « une pollution aux conséquences dramatiques. » Saisi du dossier, le pôle environnement du parquet de Brest va ouvrir une enquête sur cette pollution. 20 Minutes fait le point sur cet étrange phénomène.

C’est quoi exactement ces microbilles de plastique ?

Mesurant moins de 5 millimètres de diamètre, ces microbilles de couleur blanche sont des granulés de plastiques industriels (GPI). Ils sont utilisés comme matière première par l’industrie et entrent dans la fabrication de nombreux objets en plastique comme des jouets, des bouteilles ou des ustensiles de cuisine. Plusieurs prélèvements ont été réalisés ces derniers jours sur les plages souillées. Il ressort des analyses que ces « larmes de sirène » sont composées majoritairement de polyéthylène, à hauteur de 90 %, et ne présentent pas « de différence majeure dans les caractéristiques des GPI prélevés sur les sites visités », selon le Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux, basé à Brest. Les microbilles de plastique recueillies pour analyse présentent d’ailleurs une composition et des caractéristiques similaires, laissant envisager une origine commune. Elles sont en outre restées peu de temps dans l’environnement marin, selon cette même source.

D’où proviennent ces granulés de plastique ?

C’est la question que tout le monde se pose. Pour l’heure, le mystère demeure sur l’origine de ces arrivages. Tout laisse toutefois à penser que ces microbilles seraient tombées de conteneurs perdus en mer. Un accident sur un site industriel pourrait également en être à l’origine. Ce phénomène dramatique est malheureusement loin d’être inédit puisque chaque année en Europe, 41.000 tonnes de granulés de plastiques industriels, soit l’équivalent de 11,5 milliards de bouteilles de plastique, se retrouvent dans l’environnement et notamment en mer, selon le ministère de l’Ecologie. Au Sri Lanka, le naufrage d’un porte-conteneurs en juin 2021 avait ainsi libéré 75 milliards de pellets en plastique, dont une grande partie s’était échouée sur les côtes.

Quelles sont les conséquences pour l’environnement ?

Les conséquences de cette pollution sont désastreuses pour la faune et la flore marine. Le plastique est en effet un vrai poison qui peut rester des milliers d’années dans la nature. Ces granulés sont souvent aussi ingérés par les animaux marins et peuvent ensuite finir dans l’alimentation humaine. Du fait de leur petite taille, leur ramassage s’avère par ailleurs galère car ils se mélangent au sable ou s’envolent avec le vent. Et au vu de la quantité de microbilles qui se sont échouées sur les plages, la tâche s’annonce sans fin.

Des poursuites judiciaires ont-elles été engagées ?

La recherche du ou des pollueurs ne s’annonce pas simple. En attendant d’identifier les responsables de ce désastre écologique, les dépôts de plaintes contre X se multiplient. Après l’Etat, la région Pays de la Loire et plusieurs communes de Loire-Atlantique, le conseil départemental du Finistère et la région Bretagne ont également décidé ce vendredi de saisir la justice. « Nous ne pouvons pas tolérer cette pollution qui détruit la biodiversité, qui aura des conséquences désastreuses pour toute la pêche finistérienne et qui saccage nos côtes », indique dans un communiqué Maël de Calan, président du conseil départemental du Finistère. Saisi du dossier, le pôle environnement du parquet de Brest va ouvrir une enquête, qui devrait être confiée à la gendarmerie maritime de l’Atlantique.