Toulouse : Les fèves « petit Jésus » dans les galettes de la cantine font polémique

Après la fausse polémique des marchés de Noël du côté de la droite, l’année s’ouvre avec une nouvelle mêlée au sujet de la… fève, à Toulouse. La conseillère municipale d’opposition LFI, Agathe Roby a marqué la toile ce week-end après un tweet où elle s’indignait du non-respect de la laïcité dans les cantines scolaires de 211 écoles maternelles et primaires de la ville : « Aujourd’hui les enfants des écoles de Toulouse ont eu des fèves représentant une crèche chrétienne dans leur galette. La mairie de Toulouse contrevient au principe de laïcité de l’école publique en agissant ainsi, elle doit s’en excuser. » Son emportement a été vu sur X par 2,5 millions de personnes. Il n’en fallait pas plus pour que les internautes et politiques réagissent à ce « rappel de la loi de 1905 ».

La conseillère d’opposition, ce lundi, maintient son tweet de rappel à l’ordre. « Ce n’est pas un sujet gravissime mais c’était important de rappeler qu’on ne peut pas introduire de figures religieuses au sein de l’école publique », explique à 20 Minutes Agathe Roby. Cette dernière reste étonnée de l’embrasement provoqué par le sujet, repris en partie par l’extrême droite. « C’est une erreur de la mairie. Nous attendions des excuses. Pas une polémique soutenue par des élus de la majorité. Derrière ces fèves, c’est une communauté éducative qui s’est retrouvée au pied du mur, à devoir s’expliquer, à changer parfois les santons… ». L’élu a annoncé déposer plainte, par ailleurs, à la suite de menaces de mort après la publication de son tweet. « J’ai reçu une vague de haine de l’extrême droite sans soutien de la Ville… Au contraire », ajoute Agathe Roby.

Une croisade ?

Elle a toutefois trouvé du soutien dans ses rangs. Hadrien Clouet. Le député LFI a partagé une photo des fèves de sa propre cérémonie de vœux : « Les catholiques intégristes autour de Jean-Luc Moudenc [le maire de Toulouse] continuent leur croisade avec l’argent public. Leur évangélisation forcée doit cesser. Nous sommes une République laïque. A ma cérémonie de vœux, jeudi soir, vous aviez des fèves bien laïques et républicaines. »

« La seule menace contre la laïcité… »

La mairie a réagi de son côté à travers, un tweet de Jean-Jacques Bolzan, adjoint en charge notamment de la restauration scolaire : « La cuisine centrale vient de changer de fournisseur pour une galette fraîche et locale. Pas possible de changer de fève pour la commande », a-t-il écrit en premier lieu. « Avec tous les problèmes qu’il y a en France : l’économie, le pouvoir d’achat, la sécurité… Pourquoi venir faire du buzz sur une fève ? », se questionne, auprès de 20 Minutes, l’élu. « C’est une polémique stérile. Je suis un grand défenseur de la laïcité, partout, pour tous. Mais eux [les élus LFI], ils l’ont à géométrie variable ». Dans son tweet, en effet, Jean-Jacques Bolzan ne s’arrête pas aux explications d’un nouveau fournisseur. « Votre polémique dérisoire et étriquée ne fait qu’amplifier votre silence face à la seule menace réelle contre la laïcité aujourd’hui : l’islamisme », a publié vendredi l’adjoint.

« La laïcité est très importante, on fait des galettes depuis des années, personne n’a orienté ces fèves vers le sujet de la religion dans les cantines alors pourquoi tendre ce drapeau-là où il n’y a pas de sujet quand on soutient l’habit religieux qu’est l’abaya ? », fulmine Jean-Jacques Bolzan

« C’est une manière de faire de la politique à Toulouse : créer la panique morale », dénonce à son tour, Hadrien Clouet auprès de 20 Minutes. « Il y a une loi qu’il faut respecter. En privé, chacun est libre de ses croyances mais on ne peut pas les imposer à l’école. C’est un patrimoine, c’est l’histoire mais ça n’a pas lieu d’être à la cantine. En cours des religions pourquoi pas, mais pas au déjeuner », commente le député.

« Tous les catholiques sont d’accord pour dire que Jésus est un symbole de leur religion. L’abaya n’est pas un habit religieux selon les autorités religieuses de l’Islam. Ce n’est donc absolument pas la même chose », justifie le parlementaire.