France

TikTok : La difficile semaine de l’application qui devient indésirable dans les parlements occidentaux

L’application TikTok de plus en plus marginalisée. L’application chinoise subit depuis plusieurs semaines un boycott de nombreuses institutions occidentales craignant des risques liés à la cybersécurité. Après la Maison Blanche, la Commission européenne, les gouvernements canadien et britannique, le gouvernement français a interdit ce vendredi le téléchargement et l’utilisation du réseau social chinois sur les téléphones professionnels des 2,5 millions de fonctionnaires. Retour sur une semaine compliquée pour TikTok.

Fin des applications récréatives en France, TikTok en tête

Si le gouvernement n’a pour l’heure pas dressé de liste précise des applications interdites, il vise les applications dites « récréatives ». Parmi celles-ci figure « le triptyque applications de jeux comme Candy Crush, de streaming comme Netflix et récréatives comme TikTok », explique l’entourage du ministre de la Fonction publique, Stanislas Guerini. Cette décision intervient l’issue d’une analyse menée par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) et la Direction interministérielle du numérique (Dinum).

Ces applications présentent des « risques en matière de cybersécurité et de protection des données des agents publics et de l’administration », insiste l’entourage du ministre. Seules quelques dérogations, notamment à des fins de communication institutionnelle, sont prévues. Si l’interdiction entre immédiatement en vigueur, aucune sanction n’a encore été arrêtée. Elle ne concerne pas non plus les téléphones personnels des fonctionnaires.

Audition mouvementée au Congrès américain

La veille de cette décision de la France, le patron de l’application, Shou Zi Chew, a dû affronter les remontrances des membres du Congrès américain pendant plus de cinq heures. Il a difficilement tenté de défendre son application, face à des élus américains intraitables, qui avaient pour la plupart condamné d’avance la plateforme. Plusieurs projets de loi, soutenus à droite et à gauche, sont dans les tuyaux pour interdire TikTok, forte de 150 millions d’utilisateurs mensuels américains. La Maison Blanche a laissé entendre que si la plateforme restait dans le giron de ByteDance, elle serait interdite.

Selon les élus, le Parti communiste chinois se sert de TikTok à des fins d’espionnage et de manipulation. Shou Chew a promis que d’ici la fin de l’année, toutes les informations liées aux 150 millions d’utilisateurs américains seraient gérées uniquement depuis des serveurs du groupe texan Oracle, situés aux Etats-Unis.

Mais il a dû reconnaître que la plateforme a encore d’anciennes données accessibles par des employés chinois. « Le gouvernement chinois ne possède pas et ne contrôle pas ByteDance. C’est une entreprise privée », a-t-il cependant insisté. La représentante Anna Eshoo a qualifié ses arguments de « grotesques ». « Je ne crois pas qu’il existe réellement un secteur privé en Chine », a-t-elle dit, évoquant la loi chinoise qui impose aux entreprises du pays de partager leurs données si Pékin leur demande.

Interdiction au Parlement britannique

Le même jour, jeudi, c’est le Parlement britannique qui a annoncé l’interdiction du réseau social, emboîtant le pas à une mesure prise par le gouvernement britannique. « A la suite de la décision du gouvernement d’interdire TikTok des appareils gouvernementaux, les commissions des Chambre des communes et des Lords ont décidé que TikTok serait bloquée de tous les appareils parlementaires et du réseau parlementaire », a déclaré un porte-parole du Parlement. Une mesure déjà mise en œuvre par les gouvernements américain, canadien, ou encore la Commission européenne.

Le Parlement britannique avait supprimé en août dernier son compte pilote sur TikTok, après les craintes exprimées par certains députés sur la sécurité des données. Plus récemment, la BBC a encouragé en début de semaine ses employés à supprimer l’application de leurs appareils professionnels.

TikTok déconseillée aux Pays-Bas et en Norvège

Toujours dans cette logique de se protéger contre « un risque accru d’espionnage », le gouvernement néerlandais a déconseillé mardi à ses fonctionnaires de se servir de TikTok sur leurs appareils professionnels, ainsi que d’autres applications gérées par des pays avec un « cyberprogramme offensif », comme la Russie, la Chine, l’Iran et la Corée du Nord. A terme, le gouvernement veut que tous téléphones professionnels des fonctionnaires soient configurés de façon à ce que seuls les applications, logiciels ou fonctionnalités autorisés au préalable puissent être installés.

Le discours est peu ou prou le même en Norvège. « Dans leur évaluation des risques (…), les services de renseignement désignent la Russie et la Chine comme les principaux facteurs de risque pour les intérêts de la sécurité norvégienne », a expliqué la ministre de la Justice Emilie Enger Mehl… pourtant très active sur TikTok. Elle a déconseillé mardi aux fonctionnaires du pays d’installer l’application chinoise sur leurs appareils professionnels.