« The Witcher » : Ce vigneron de Saint-Emilion a créé un grand cru en hommage au jeu vidéo
Tout a commencé en 2019 quand Hugo Chêne a terminé le jeu « The Witcher 3 : Wild Hunt », avec sa compagne. A la fin de l’aventure, le héros, Geralt de Riv, devient en effet vigneron. « En tant que viticulteur et fan absolu que je suis, impossible de ne pas penser à matérialiser son vin, c’était une façon de poursuivre un peu l’aventure », raconte Hugo Chêne.
Vigneron de 28 ans, exploitant les 16 hectares de Château Marrin, un grand cru de Saint-Emilion, Hugo Chêne décide donc d’entrer en contact avec le studio polonais CD Projekt. C’est ce poids lourd mondial du jeu vidéo qui avait adapté l’histoire tirée des livres d’Andrzej Sapkowski, déclinés par la suite en série par Netflix. « Honnêtement, je ne pensais même pas avoir de réponse, étant donné la taille de cette entreprise, avoue le jeune viticulteur. Mais non seulement ils nous ont répondu, mais ils nous ont même confié qu’ils avaient déjà pensé à créer une bouteille de vin, mais qu’ils n’avaient pas trouvé les bons partenaires. »
« Une bouteille pensée pour le collectionneur »
Bingo. Hugo Chêne s’engouffre dans la brèche. « Nous avons rapidement apporté notre expertise pour créer une bouteille pensée pour le collectionneur », explique-t-il. La bouteille est notamment « plus résistante aux variations de température ». Pour pouvoir être exposée, elle peut aussi être conservée verticalement « pendant au moins trente ans avant d’être dégustée ». Le vigneron travaille parallèlement avec l’équipe de graphistes du studio pour concevoir l’étiquette. « Au début, nous voulions créer quelque chose de très médiéval, mais les maquettes n’étaient pas satisfaisantes, et nous nous sommes finalement rabattus sur un design beaucoup plus moderne. »
Exclusivement composé de merlot vendangé à la main en 2018, le « Grand Cru The Witcher » a été façonné durant cinq années au Château Marrin. Après deux ans d’élevage au chai et trois ans de vieillissement dans la cave du domaine, ce saint-émilion Grand Cru « se dévoile aujourd’hui comme un vin particulièrement fruité au boisage léger », décrit Hugo Chêne.
« Sortir de ma clientèle traditionnelle »
Commercialisée 72 euros l’unité, cette édition limitée a été tirée cette année à 6.300 exemplaires. « Nous avons vendu plus de 1.000 bouteilles en vingt-quatre heures lors de la période de précommande », souligne le viticulteur, qui n’en revient toujours pas de l’enthousiasme suscité par son initiative. « Après le lancement, nous avons reçu des centaines de mails et de messages sur les réseaux sociaux des fans en France et tout autour du monde qui nous remerciaient d’avoir créé cette bouteille, qui partageaient leur passion pour le jeu avec nous. »
A l’heure de dresser le bilan, Hugo Chêne ne tire que du positif de cette histoire. « Travailler pour ce jeu, qui est un des ceux que j’ai le plus appréciés, a été une expérience fabuleuse. Et cela m’a permis de sortir de ma clientèle traditionnelle, avec des gens très enthousiastes. On ne suscite pas autant de réactions avec nos autres vins. »
Et pour les retardataires, sachez qu’il reste encore un peu de stock, mais que ce sera certainement terminé après les fêtes de fin d’année.