« The Voice » : « Les gens vont apprendre à mieux me connaître », estime Zaz, nouvelle coach du télécrochet
«C’est la course, tout s’enchaîne. C’est très intense. C’est une sacrée expérience qui demande énormément de concentration. Il faut tout exprimer, tout définir, pourquoi on a aimé ou non, il y a beaucoup d’émotions. Pour moi, cet exercice n’est pas simple. Mon cerveau n’est pas vraiment branché pour faire ce genre de trucs, parce que c’est dense… » Trouver un créneau pour s’entretenir avec Zaz, en tant que nouvelle coach de « The Voice » a été un défi. Entre les tournages, le marathon d’interviews et les répétitions des « battles », l’artiste de 44 ans n’a guère de temps pour souffler. On finit par la rencontrer dans sa loge, fin novembre, en marge de la conférence de presse de la quatorzième saison du télécrochet lancée ce samedi, à 21h10, sur TF1. Preuve de la course contre la montre dans laquelle elle est engagée, une partie du temps imparti pour notre tête à tête est mis à profit pour un raccord maquillage et coiffure avant qu’elle parte tourner des vidéos pour les réseaux sociaux de l’émission…
Faire de la promo pour « The Voice » plutôt que pour un projet musical, ça vous fait bizarre ?
Quand on est arrivé à la grosse conférence de presse, oui, c’était un peu bizarre d’être face à un mur de journaliste. Mais en même temps, je suis bien dans mes bottes, très claire avec moi-même. Je sais pourquoi je fais « The Voice ».
Alors, pourquoi ?
Jusqu’à ce que je prenne ma décision, en juillet, je ne savais pas que j’allais dire oui. Simplement, à un moment, je me suis dit : « Lance-toi ! T’as quoi à perdre ? ». On m’a plusieurs fois proposé ce genre d’émission. Et à chaque fois, j’ai refusé parce que je ne me sentais pas du tout d’y aller. Etre très exposée, hypermédiatisée, ça ne me ressemble pas. La télé n’est pas mon endroit préféré. J’ai rencontré les équipes de la production de « The Voice » et tout le monde a été très gentil. C’est très important pour moi de me sentir en sécurité. Là, je pouvais organiser mon agenda en fonction alors, je me suis dit, pourquoi pas ? Et en fait, à l’intérieur de moi, je ressentais une excitation à l’idée de pouvoir aider de jeunes talents à faire en sorte qu’ils s’épanouissent.
On a assisté au premier jour du tournage des auditions à l’aveugle et vous aviez l’air à l’aise dès le départ…
Je ne l’étais pas tant que ça. J’adore la nouveauté mais, en même temps, ça me terrifie parce que je n’ai aucun repère, je n’ai de prise sur rien. Et puis, devant les caméras, je ne suis pas forcément à l’aise, même si je donne l’impression du contraire. Le truc, c’est qu’après, je rentre chez moi et je me fais l’analyse de tout ce que j’ai dit, de tout ce que j’aurais dû dire, de tout ce que je n’aurais pas dû dire, de ce que les gens ont pu penser… Mon cerveau va à 10.000 à l’heure.
Florent Pagny et Vianney, qui connaissent bien ce rôle de coach et officient à nouveau cette saison, vous ont-ils donné des conseils ?
On m’a surtout dit de rester authentique. Mais c’était mon leitmotiv bien avant que le tournage commence : rester moi-même, ne pas essayer de surjouer. On m’a dit « T’as envie de bouger ? Bouge ! » Tu vois, moi, j’ai du mal à rester le cul sur une chaise. On m’a rassurée : « Regarde, Vianney, il fait ça depuis des années. » J’ai fini par enlever mes pompes, au début, je n’osais pas. J’imaginais que j’allais être attaquée sur ça, je me suis fait tous les scénarios. Et de me déchausser, c’était aussi une manière de me dire que je n’en avais plus rien à foutre. A un moment, il s’agit peut-être de dire, bon, bah, voilà, c’est ce que je suis. Je suis comme ça. Que tu m’aimes ou que tu ne m’aimes pas. De toute façon, même si je pouvais être la plus parfaite du monde, je me ferais critiquer. Refuser d’être coach dans « The Voice » par peur du jugement ? Je ne veux pas que mes choix soient dictés par la crainte de quelque chose qui viendrait de l’extérieur.
Vous appréhendez le regard du public ?
Peut-être que les gens vont apprendre à mieux me connaître, notamment ceux qui ne m’aiment pas. Et puis il y en aura qui ne m’aimeront toujours pas, parce que, de toute façon, il y a un truc chez moi qui leur rappelle un truc de, je ne sais pas, leur cousine, leur tante… Si les gens veulent me défoncer, ils me défonceront. Mais je ne vois pas comment on peut me défoncer, parce que je suis plein de bienveillance et je fais les choses pour les bonnes raisons. Le simple fait de faire « The Voice » a comme lâché un truc à l’intérieur de moi : « Vas-y, chacun peut penser ce qu’il veut, moi, je sais qui je suis. » Aujourd’hui, je sais mieux fixer des limites, donc j’ai moins peur de me faire polluer, envahir ou vampiriser.
Vous envisagez que les gens puissent vous défoncer, mais est-ce que vous envisagez, à l’inverse, qu’ils puissent vous aimer ?
Oui, je pense que oui, mais ça aussi, c’est quelque chose que j’apprends. Il m’est très facile de donner, mais j’ai plus de mal à recevoir des compliments par exemple. Je me souviens d’une fois où mon équipe m’a offert un vélo sur un plateau. Je suis partie en courant, en pleurant. J’étais en panique. Ma régisseuse m’a demandé ce qu’il m’arrivait. « Je ne sais pas quoi faire, Véro ! » Et elle m’a répondu qu’il n’y avait rien à faire… Je suis très intransigeante envers moi-même, très critique. Au fur et à mesure que j’avance dans mon parcours, j’essaye d’être plus bienveillante, plus douce envers moi, de me valoriser. Ce qui est génial c’est que, en tant que coach de « The Voice », tout ce travail sur moi, je le fais avec les talents. Cela m’émeut de voir en face de moi des gens qui font exactement la même chose, qui se dévalorisent au lieu de se donner toutes les opportunités de réussir. En les coachant, je suis obligée de définir les choses et, du coup, je me dois d’appliquer mes conseils à moi-même.
Nikos Aliagas expliquait en conférence de presse que vous arriviez à capter des choses dont on ne parle pas…
Je vois bien l’invisible. C’est très clair pour moi. Tout ce qui est inconscient chez l’autre, je le perçois comme quelque chose de très conscient. Ça a toujours été un grand problème pour moi mais aussi ma grande force. J’ai appris avec le temps qu’en fait tout le monde ne voit pas ce qui me semble être une évidence. Et ça a été souvent un souci parce que je me le mange dans la gueule comme si c’était palpable.
C’est lié au feeling ou c’est quelque chose de plus ésotérique ?
Je ne sais pas l’expliquer. Je le vois. J’ai ça depuis petite, c’est de l’instinct, du feeling, de l’ultra sensibilité… Je pense que j’ai développé cela en grandissant parce que ça me passionne, je l’ai travaillé sans me rendre compte. Quand tu es passionné par quelque chose, tu n’as pas conscience que tu le travailles, en fait. C’est très rigolo et, parfois, ça perturbe. Par exemple, aux auditions à l’aveugle, il y a une candidate qui n’avait pas commencé de chanter mais je savais que c’était elle le talent. Parce que je l’ai captée.
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Est-ce que, dans l’équipe que vous avez constituée, des talents vous ont surpris parce que, sur le papier, ils n’ont pas forcément d’atomes crochus avec votre univers musical ?
Oui. Après, il arrive que des gens aient des carapaces et que j’arrive à voir derrière cette espèce de barrière. Il arrive aussi que j’aime des textures de voix qui n’ont pas une grande technicité. C’est ce qui fait qu’il est compliqué de choisir. Par moments, j’avais conscience que tel candidat n’avait pas une grande technique mais qu’il méritait de rester parce qu’il pouvait évoluer en appliquant mes conseils. J’adore partager avec les gens, voir chez eux où se trouvent les failles. Je suis passionnée par l’humain. Je veux pouvoir les aider à se libérer des choses qui les emprisonnent.