« The Voice » : Deux ans après la mésaventure de son premier album, Philippe Campion revient
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Philippe Campion a fait le chemin à l’envers. Deux ans après la sortie de son premier album, Eternel été, en 2022, il s’est présenté aux auditions à l’aveugle de « The Voice » en octobre. Son passage a été diffusé samedi soir sur TF1.
N’est-ce pas risqué de tenter sa chance dans un télécrochet quand on a récemment sorti un disque bien accueilli par la critique ? D’autant plus si aucun fauteuil rouge ne se retourne… « C’est vrai que c’est un peu aller au casse-pipe, explique à 20 Minutes l’artiste de 32 ans. Mais j’avais confiance en la responsable du casting qui m’avait contacté pour participer. Elle m’avait déjà appelé pour la précédente saison et je n’avais pas donné suite. Là, le contexte était différent, des choses ont changé dans ma vie et je sentais que c’était le moment d’y aller, j’ai pris cet appel comme un défi. »
Philippe Campion confie n’avoir écrit aucune chanson depuis 2022. Avant de se retrouver sur le plateau de « The Voice », il s’était détourné de la sphère musicale. Le rêve qu’il a touché du doigt en sortant son premier album s’est transformé en cauchemar. Autodidacte, le trentenaire issu de la communauté des gens du voyage – il est le petit-fils de Marcel Campion, « le roi des forains » – a toujours baigné dans la musique, notamment celle qu’écoutait son père.
La réalisation d’un rêve devient une concrétisation amère
En 2014, il projetait de sortir ses premières chansons chez Capitol, mais le projet a tourné court, de son fait. « Quand j’en suis parti, je me suis mis à écrire ce qui allait en partie être les textes d’Eternel été », raconte-t-il. Trois ans plus tard, aidé par Peter Murray, qui joue alors pour lui un rôle de manager et conseiller, il entre en contact avec le compositeur Clément Ducol. « C’est un arrangeur de génie », applaudit Philippe Campion, ne tarissant pas d’éloges pour le musicien qui a travaillé entre autres avec Alain Souchon, Vincent Delerm et Nolwenn Leroy et qui a signé la bande originale d’Emilia Pérez qui lui a valu une nomination aux César et aux Oscars…
Entre les deux hommes, il y a eu « une espèce d’alchimie », poursuit le talent de « The Voice ». Une entente qui se ressent à travers Eternel été, bel album aux orchestrations mélancoliques paru chez Tôt ou Tard – où sont signés Vianney et Zaz, deux des coachs de « The Voice ». « Je n’aurais jamais osé imaginer intégrer un tel label que j’ai toujours apprécié pour la qualité de ses projets, toujours bien travaillés, et qui sortent du paysage mainstream », confie Philippe Campion.
Mais entre la rencontre avec Clément Ducol, la signature en maison de disques et la sortie de l’opus, quatre années se sont écoulées – et la pandémie de Covid 19 s’est invitée dans le tableau, ralentissant le processus. Ce qui aurait dû être la joie d’un accomplissement s’est transformé en concrétisation amère.
« Quand Eternel été a enfin été commercialisé, je me suis senti épuisé, parce que j’avais beaucoup travaillé dessus, j’avais fait attention au moindre détail et cela m’avait provoqué plein de doutes et de questionnements. Je n’arrivais plus à me reconnecter, tout bêtement, à ce que j’avais fait. Ce qui m’avait inspiré les textes, c’était une histoire d’amour qui commençait à devenir très ancienne. Et, bizarrement, au moment de devoir présenter ces chansons au public, je n’avais plus envie. Je ne ressentais plus le truc. »
« Pétage de plombs »
Aussi, si l’album a été très bien reçu par la presse musicale et que plusieurs chansons ont tourné en radio, il n’a pas trouvé son public. « Il ne pouvait pas en être autrement, analyse Philippe Campion. Il y a eu le premier single Ces années-là, puis on a lancé Je pars mais je reste. Et je suis parti un mois après l’exploitation… » Le « pétage de plombs » a été « totalement inattendu », confie l’artiste estimant qu’il n’avait plus en lui « les ressources pour amener l’album là où il l’espérait. »
Avec le recul, il pense avoir été « extrêmement dur » envers lui-même mais il ne regrette pas : « Je pense que quand on ne ressent plus les choses au fond de soi, il ne faut pas douter, sinon, on fait les choses dans la douleur ou de manière contrariée ». Philippe Campion n’a, depuis, pas écrit un seul texte.
L’inspiration qui « grouille »
Sa participation à « The Voice » pourrait faire office de déclic : « Je pense tous les jours à écrire et à composer, je sens que ça grouille en moi et je n’ai pas envie de me gâcher. Je veux que ça jaillisse dans un moment où ça viendra. Ça va revenir, c’est sûr et certain. »
Pour son audition au télécrochet de TF1, il a proposé une réinterprétation de Take My Breath Away, qui a convaincu Patricia Kaas et Florent Pagny. Philippe Campion a choisi de rejoindre l’équipe de ce dernier.
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Dans son portrait de présentation, il disait que l’objectif de sa participation à l’émission était de « [se] trouver ». Mission accomplie ? « Je pense que je ne me trouverai jamais vraiment parce que je ne sais pas s’il y a quelque chose à trouver mais, comme toute personne qui fait ce métier, je me trouve dans le regard des autres. J’ai juste à vivre avec la personne que je suis. Grandir, c’est aussi se rendre compte de qui on est. »