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« The Studio », c’est quoi cette série de Seth Rogen où joue le Tout Hollywood ?

Un casting aux allures de « Hollywood Walk of Fame » au service d’une satire aussi acide que désopilante ! Dans The Studio, Seth Rogen, également cocréateur, scénariste, réalisateur et producteur aux côtés d’Evan Goldberg (déjà derrière les séries Preacher et The Boys), incarne Matt Remick, un directeur de studio fraîchement promu, qui rêve de produire des grands films dans une industrie qui ne pense qu’en franchises et blockbusters décérébrés.

Cette comédie en 10 épisodes, dont les deux premiers épisodes sont disponibles ce mercredi sur Apple TV+, suivis d’un nouvel épisode chaque mercredi jusqu’au 21 mai 2025, voit défiler à l’écran une cinquantaine de stars hollywoodiennes (Martin Scorsese, Zac Efron, Charlize Theron, Steve Buscemi ou Ron Howard et bien d’autres). Pourquoi le Tout Hollywood a-t-il eu raison de se précipiter pour faire un caméo dans The Studio ?

Une satire acide à la « The Player »

« Si ça ne tenait qu’à moi, assure le cadre hollywoodien idéaliste interprété par Seth Rogen à son assistante dans le premier épisode de The Studio, on se concentrerait sur le prochain Rosemary’s Baby ou Annie Hall, ou, vous savez, un super film qui n’aurait pas été réalisé par un putain de pervers. – Il s’avère que les pervers font de bons films, vraiment… », lui rétorque son assistante. The Studio excelle dans l’humour grinçant et fait aussi quelques clins d’œil insolents à la satire hollywoodienne The Player de Robert Altman.

Comme dans le film de 1992, la série présente un nombre ahurissant de vedettes, un personnage nommé Griffin Mill et une réflexion sur l’ambition personnelle. « Le cinéma, c’est ma vie », lance Matt Remick dans le premier épisode. Pourtant, cet ambitieux, un peu snob, renonce rapidement à tous ces idéaux sur l’autel de l’avancement. Lorsque le grand patron du studio, Griffin Mill (Bryan Cranston) licencie Patty (Catherine O’Hara), sa mentor, et lui propose son poste à la condition de modérer son intérêt pour le cinéma « artistique et prétentieux » et à se concentrer sur le profit, il accepte sans ciller. Matt Remick a le métier dont il a rêvé toute sa vie, et cela pourrait bien causer sa perte.

Des caméos à la « Dix-pour-cent »

Chaque fête, visite de plateau, décision de casting, réunion de marketing ou remise de prix est l’occasion de dépeindre une industrie hollywoodienne où s’affrontent dirigeants lâches, prêts à s’emparer de n’importe quelle franchise pour tenter d’en faire une machine à fric, et artistes narcissiques, prêt à tout pour créer et innover.

Aux côtés de Seth Rogen, tous les seconds couteaux (Ike Barinholtz, dans le rôle de Sal, undirecteur artistique sniffeur de coke, Kathryn Hahn, dans le rôle de Maya, une experte en marketing cynique et Chase Sui Wonders, dans le rôle de l’assistante cash) de Continental Studios, fictive société de production en difficulté à la suite à l’apparition des plateformes de streaming, composent une belle brochette de traîtres sympathiques, aussi complémentaires que ceux de l’agence ASK de Dix pour cent.

The Studio reproduit la mécanique de la série française lancée il y a dix ans par Fanny Herrero, qui montrait l’envers du décor du petit monde de l’audiovisuel. The Studio accueille ainsi des guests qui jouent leur véritable rôle à chaque épisode, rendant la fiction plus vraie que nature. Dès l’épisode 1, on est embarqué par ces scènes inouïes où Martin Scorsese vient vendre un projet de film à un Matt Remick ou lorsque Charlize Theron vire Matt Remick de chez elle.

Une série méta à la « Once Upon a Time… in Hollywood »

« J’adore le grain », s’exclame à un moment Matt Remick. The Studio est servi par une production soignée, une réalisation admirable et un étalonnage impeccable. La beauté cinématographique des plans évoque bien évidemment Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino.

The Studio est aussi une sorte de méta commentaire autoréférentiel, soit Hollywood qui se filme de l’intérieur. Dans l’épisode 4, Olivia Wilde (qui joue son propre rôle) réalise un film néonoir, « une imitation de Chinatown », et voit Matt Remick errer avec un chapeau et un trench-coat. L’épisode 2 raconte un tournage ruiné par un plan séquence, sous la forme d’un plan séquence. Dans l’épisode 1, on s’amuse aussi à voir Martin Scorsese hurler au visage du patron de Continental Studios « qu’il aurait dû signer dès le début son film chez Apple TV + ».

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Dans The Studio, les auteurs qui s’aventurent dans le monde de la télévision aiment présenter leurs séries comme des films de six, dix ou treize heures, comme si la forme cinématographique avait quelque chose d’intrinsèquement supérieur. The Studio, série produite par un streamer, raconte aussi le mépris des gens de cinéma envers ceux des studios.

La pléiade de stars au casting ne s’y est pas trompée : The Studio est l’un des portraits les plus percutants et hilarants de Hollywood à ce jour et probablement l’une des meilleures séries de 2025 à ce jour.