« The Brutalist » : Pourquoi Adrien Brody va remporter l’Oscar en 2025

Il y a parfois du suspense aux Oscars, mais il survient aussi des évidences si absolues qu’on peut se lancer sans risque dans le jeu des pronostics. Il semble ne faire aucun doute qu’Adrien Brody va repartir avec la statuette pour The Brutalist de Brady Corbet. Il avait déjà décroché le précieux trophée en 2003 pour Le Pianiste de Roman Polanski.
Cette fresque de trois heures trente-quatre (avec un entracte de quinze minutes imposé par le réalisateur) suit le destin de László Tóth, survivant des camps de la mort installé aux Etats-Unis en 1947. De la misère à la gloire, cet architecte génial finit par imposer son style épuré malgré ses brimades d’un commanditaire à l’autorité brutale incarné par Guy Pearce. Et Adrien Brody est tout simplement sublime dans ce rôle.
Encore meilleur que dans « Le Pianiste »
Il est impossible de ne pas penser au film de Roman Polanski en découvrant The Brutalist. La performance d’Adrien Brody est encore plus intense que son incarnation de Wladyslaw Szpilman tentant de survivre dans le ghetto de Varsovie. « Bien que Szpilman et Tóth soient deux personnages très différents, les mois que j’ai passés à faire des recherches et à me connecter au passé du premier, aux horreurs qu’il a traversées, m’habitent toujours, déclare le comédien. Ce travail m’a permis d’appréhender de façon viscérale la douleur et le vide que peut ressentir László quand il émigre aux États-Unis. » Et de la faire partager au spectateur scotché du début à la fin de la projection.
Un personnage passionnant
Si László Tóth est un personnage fictif, la qualité de l’écriture de Brady Corbet et de Mona Fastvold le rendent aussi vivant que fascinant. Il n’est pas nécessaire d’être passionné d’architecture pour comprendre les affres par lesquelles passe le héros. Il pourrait être tout aussi bien un réalisateur malmené par un producteur ou un employé placé sous la coupe d’un patron colérique. Adrien Brody fait passer toutes les émotions de cet artiste soutenu par sa femme (merveilleuse Felicity Jones). Sa subtilité pour faire évoluer cet homme sur plusieurs décennies témoigne de la maturité de son talent. Il y avait longtemps qu’on n’avait pas été autant impressionné par une prestation.
Malgré la polémique
Le monteur du film Dávid Jancsó a expliqué avoir utilisé l’IA pour modifier la diction de l’acteur alors qu’il lit une lettre en hongrois. La difficulté de la langue expliquerait la nécessité de recourir à cette technique pour rendre ce passage parfait. Il n’en fallait pas plus pour que des détracteurs – ou des rivaux dans la course à l’Oscar – s’engouffrent dans la brèche pour le discréditer. Le travail titanesque fourni par Adrien Brody est cependant indiscutable et le résultat éblouit tant sa performance est maîtrisée de bout en bout.
Il semble impossible que cette polémique vienne torpiller les chances d’Adrien Brody aux Oscars où il est toujours donné grand favori après avoir reçu un Golden Globe pour The Brutalist le mois dernier. Fin du suspense le 2 mars prochain (ou le 3 mars en tenant compte du décalage horaire.)