Syrie : Une foule silencieuse manifeste à Damas pour interpeller les autorités sur le sort des disparus
A Damas, vendredi, une manifestation a rassemblé des dizaines de personnes sur la place du Hijaz pour exiger des réponses concernant les disparus et les détenus des prisons du régime de Bachar al-Assad. Ce rassemblement reflète une des plaies les plus profondes de la guerre syrienne, qui a déchiré le pays pendant plus de 13 ans et fait plus de 500.000 morts. Des manifestants, certains brandissant des photos de proches disparus, réclament justice et vérité après la chute du régime.
Sur les pancartes, des messages poignants exprimaient la douleur des familles. « Révéler le sort des disparus est un droit », « Je ne veux pas une tombe inconnue pour mon fils, je veux la vérité », ou encore « Il est temps pour les tyrans de rendre des comptes », inscrit sur une banderole noire déployée sur l’ancienne gare ottomane de Damas.
Les témoignages terribles des familles
Parmi les manifestants, Amani el-Hallaq, 28 ans, a participé pour la première fois à une protestation publique. Elle est venue réclamer justice pour son cousin, un étudiant en dentisterie arrêté en 2012 à sa sortie de l’université. « Ils ont arraché ses ongles, il est mort sur le coup », raconte-t-elle, voilée de blanc. « On veut savoir où sont les disparus, leurs corps, pouvoir les identifier. »
Wafa Mustafa, une autre manifestante, a pris la parole au nom des familles présentes. Son père, Ali, a été arrêté en 2013 et demeure porté disparu. « Nous avons tous vu les scènes de libération de détenus, des scènes qui réjouissent les cœurs. Mais pour de nombreuses familles, c’était aussi difficile : nous n’avons pas reconnu sur ces vidéos les êtres aimés, ils n’ont pas été libérés », explique-t-elle. « Nous n’accepterons rien de moins que la vérité. Nous voulons savoir ce qui est arrivé à nos proches, qui les a torturés, et où ils ont été enterrés. »
De nombreux appels à la justice
Depuis la chute de Bachar al-Assad, des milliers de détenus ont été libérés. Cependant, le sort de nombreux prisonniers reste inconnu. Des ONG exhortent les nouvelles autorités à conserver les preuves des « atrocités » commises par le régime, afin que justice puisse être rendue. Jeudi, un ancien général chargé de la justice militaire sous Assad a été arrêté à l’ouest du pays. Il est accusé d’avoir orchestré la condamnation à mort de milliers de prisonniers dans la prison de Saydnaya.
Retrouvez notre dossier complet sur la Syrie
Youssef al-Sammaoui, revenu d’Allemagne pour participer au mouvement, brandissait une photo de son cousin, mort sous la torture en 2012. « Nous voulons que les responsables rendent des comptes, mais de manière équitable et pour soulager les familles, afin qu’elles puissent vivre dans ce pays », déclare-t-il. Pour lui, comme pour d’autres manifestants, obtenir des réponses est essentiel pour tourner la page des années de terreur.