Syrie : « Les Syriens ne laisseront pas un nouveau tyran, avec un agenda islamiste, reprendre le pouvoir », témoigne Mays
Mays a décidé de fuir. Si elle est née et a grandi en Syrie, celle qui était cette semaine l’invitée de l’émission Focus sur 20 Minutes TV ne se voyait pas construire sa vie dans un pays détenu et contrôlé par le régime de Bachar al-Assad. « Lors d’un échange universitaire avec des étudiants d’Angleterre, les services secrets de l’État sont venus toquer à ma porte pour m’expliquer qu’il était interdit de se rassembler entre jeunes sans prévenir le régime, raconte-t-elle à 20 Minutes TV. C’est à ce moment que je me suis dit que je ne pouvais pas continuer ma vie dans ce pays. »
Diplômée de Littérature Française, Mays était la seule à pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Elle a donc fui en France pour reconstruire sa vie, en maintenant un contact quotidien avec sa famille restée à Damas.
« Des émotions contradictoires »
La plupart de ses amis avaient participé à la révolution culturelle du pays, « celle menée par le peuple, pour la liberté », précise-t-elle. Si au début, une de ses amis proches s’est fait arrêter, petit à petit, les militants sont tués directement, ou torturés en prison. Ainsi, la chute de Bachar al-Assad, le « tyran », est un soulagement pour les Syriens. Pourtant, Mays témoigne d’« émotions contradictoires » : « les visages qui reprennent le pouvoir font peur à tout le monde, comme ils font peur à l’Europe […] ». La Syrienne raconte un peuple « affamé », qui a « soif de vengeance contre l’État ». « Leur faire comprendre les valeurs de la liberté, du respect des autres, ça ne va pas venir du jour au lendemain ».
Aujourd’hui, ces nouveaux « visages », comme elle les nomme, se baladent dans les rues de Damas avec des kalachnikovs, des barbes… « ça ne met pas en confiance ». Sa mère, par exemple, n’ose plus aller faire ses courses, par peur d’être tuée si elle est vue sans porter de hijab.
« Inclure toutes les communautés dans la construction »
Mays reste cependant optimiste. Même si les révolutions menées dans les pays voisins, comme l’Egypte ou l’Algérie, sont peu porteuses d’espoir, elle reste confiante sur le fait que son peuple ne répétera pas les mêmes erreurs. La jeune femme estime qu’il faut laisser « un mois » à la Syrie pour installer un nouveau gouvernement sous un bon contrôle.
« Je crois que les Syriens ne laisseront pas un nouveau tyran, avec un agenda islamiste, reprendre le pouvoir sur notre territoire », affirme Mays, confiante. Et d’ajouter : « la Syrie est plurielle, on a plein de diversité, d’ethnies. J’espère que les Syriens sauront inclure toutes ces communautés dans la construction du futur de leur pays. »
Pour en savoir plus sur Mays et les derniers évènements vécus par sa famille Syrienne sur place, retrouvez l’interview dans l’émission Focus en haut de page. Pour voir d’autres témoignages comme celui-ci, rendez-vous sur 20MinutesTV.