Suspension de la réforme des retraites : divers avis politiques et sociaux
Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé ce mardi la suspension de la réforme des retraites votée en 2023. Le chef des députés PS Boris Vallaud voit dans cette suspension « une victoire » autant qu’un « premier pas qui permet d’envisager les suivants ».
C’était le moment le plus anticipé de la déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu, crucial pour l’avenir immédiat de son gouvernement. Ce mardi, le Premier ministre a annoncé la suspension de la réforme des retraites adoptée en 2023. Le Parti socialiste avait posé cette condition pour éviter de censurer le gouvernement.
### Ils n’ont pas du tout apprécié la suspension de la réforme
Bruno Retailleau a accusé Sébastien Lecornu d’être « l’otage des socialistes ». « Pour éviter la censure, le gouvernement impose aux Français un prix considérable », a déploré le chef des Républicains, une phrase également reprise par Éric Ciotti (Union des droites pour la République).
« Suspendre la réforme des retraites afin d’offrir une victoire politique, même symbolique, au groupe socialiste est une dangereuse facilité », a averti Paul Christophe (Horizons), sur la ligne de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe.
« La réforme des retraites est essentielle pour l’avenir de notre modèle social. Elle est dorénavant suspendue », a regretté l’ancien Premier ministre Michel Barnier. « La prochaine élection présidentielle sera donc le moment de clarifier les choix : entre démagogie et responsabilité vis-à-vis des générations futures. »
### Ils savourent cette suspension
Le chef des députés PS, Boris Vallaud, voit dans cette suspension « une victoire » qui ouvre la voie à d’autres avancées. « Aujourd’hui, la Gauche a remporté une victoire, certes partielle, mais tangible, surtout pour les salariés les plus épuisés », a ajouté Luc Broussy, président du conseil national du PS.
La CFDT a quant à elle salué « une vraie victoire pour les travailleuses et les travailleurs ». L’annonce du Premier ministre « constitue le premier coup d’arrêt à cette réforme très contestée depuis 2023 », a fait valoir le premier syndicat français. Elle représente « une première réponse à la blessure démocratique » créée par son adoption sans vote du Parlement grâce à l’article 49.3 de la Constitution. « Les impacts sont concrets et immédiats pour les travailleuses et travailleurs. »
### Bien, mais peut mieux faire
Le leader du Parti communiste, Fabien Roussel, a évoqué « une première victoire pour les 500 000 salariés qui en profiteront dès cette année », tout en appelant à poursuivre « le combat jusqu’à l’abrogation et pour un financement juste ».
La CGT a exhorté à « bloquer clairement la réforme des retraites » à 62 ans et neuf mois et 170 trimestres, sans accepter « un décalage de son application de quelques mois comme aujourd’hui, qui nous remettrait à la merci de n’importe quel candidat à l’élection présidentielle avec une réforme qui continuerait à s’appliquer à partir de 2027 », a estimé Sophie Binet.
Pour le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, la suspension est « un premier pas », mais « ce n’est pas l’abrogation ». Selon le dirigeant du troisième syndicat, « cette réforme imposée par 49.3 et rejetée par l’immense majorité des salariés reste injuste, brutale et injustifiée ».
### Ils dénoncent un calcul politique
Le député LFI Paul Vannier a affirmé que le Parti socialiste « a confisqué aux millions d’électrices et d’électeurs du NFP leurs suffrages pour les déposer aux pieds de Macron ».
Cyrielle Chatelain, la responsable des écologistes à l’Assemblée nationale, a déploré une « petite suspension » de la réforme des retraites, alors que les écologistes avaient demandé son abrogation.
C’est aussi l’avis de Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, qui a déclaré : « Il n’aura été question que d’une temporisation puisque la proposition du Premier ministre revient à inscrire dans la loi le redémarrage de la réforme Borne au 1er janvier 2028. »
Sébastien Chenu (RN) a souligné : « Face au pouvoir et à ses alliés, le RN reste le seul bloc incorruptible. Les Républicains et les Socialistes ont troqué leurs convictions contre un strapontin. Ils ont vendu la démocratie pour quelques postes. »

