France

Sud-Ouest : Déjà une centaine de communes sous tension pour l’alimentation en eau potable avant un « été difficile »

« Si nous sommes confrontés à un été sec et aussi caniculaire que celui de 2022, le niveau actuel des réserves ne nous permettra de tenir, il risque d’être particulièrement difficile », prévient le préfet de région Occitanie, Pierre-André Durand, par ailleurs préfet coordonnateur du bassin Adour-Garonne. Le printemps démarre à peine et tous les voyants sont déjà au rouge vif dans le Sud-Ouest niveau sécheresse.

« Les cours d’eau sont extrêmement bas, les milieux aquatiques sont dégradés et malgré les pluies récentes sur le bassin, les réserves ne sont pas suffisamment remplies pour envisager sereinement l’été. Le minimum historique du manteau neigeux à date a été atteint mi-février, le remplissage des retenues destinées au soutien d’étiage est largement inférieur à l’an passé, en moyenne il est de 46 % sur le bassin contre 80 % l’an dernier à la même époque. En Ariège, le lac de Montbel est ainsi rempli à seulement 24 % », énumère le représentant de l’Etat qui en appelle à « la responsabilité de tous » en réalisant d’ores et déjà des économies d’eau.

Certains préfets des 26 départements du bassin Adour-Garonne ont déjà pris des arrêtés de vigilance, que ce soit dans l’Aude, la Creuse, les Hautes-Pyrénées ou encore en Haute-Garonne. Des communes du bassin ont déjà des difficultés d’approvisionnement en eau potable. A la fin mars, elles sont déjà une centaine à être confrontées à des ruptures ou des tensions. L’an dernier, au cœur de l’été, 400 villages avaient ainsi dû être réapprovisionnés par des camions-citernes ou des bouteilles en eau.

Priorité à la sécurisation de l’eau potable

« En Haute-Garonne par exemple, la ressource en eau potable n’est pas prélevée dans les nappes mais dans les rivières et quand les rivières sont à sec, il n’y a plus d’eau dans les robinets », relève Guillaume Choisy, le directeur de l’agence de l’eau Adour-Garonne. Les gestionnaires s’emploient donc à détecter les moindres fuites mais aussi à trouver des solutions de secours en cas de coupure. « On interconnecte avec des communes voisines dont les réseaux sont moins en tension », poursuit ce responsable. Des travaux ont ainsi été lancés sur 5 % de ses 400 communes « à risque » pour les raccorder aux réseaux les plus proches et des études de faisabilité sont d’ores et déjà lancées pour 20 % d’entre elles.

D’autres solutions sont aussi envisagées. Comme la mobilisation de retenues collinaires jusqu’ici sous-exploitées pour alimenter la Garonne et ses affluents. Ou encore innover. Comme avec l’expérimentation lancée par Réseau 31, le département de la Haute-Garonne et le BRGM qui va consister à prélever de l’eau dans la Garonne lorsque son niveau est élevé, la stocker dans le Canal de Saint-Martory, avant de recharger ensuite les nappes phréatiques avec. L’eau circulera alors sous terre pour réalimenter la Garonne quand les besoins seront les plus importants.

« Sécuriser l’accès à l’eau potable demeure la priorité. Aujourd’hui, nous avons 200 à 250 millions de m3 de déficit pendant les périodes d’étiage, les prévisions c’est 1,2 milliard de m3 de déficit en 2050 », rappelle de son côté Alain Rousset, le président de la région Nouvelle-Aquitaine et du comité de bassin Adour-Garonne qui plaide pour le développer de technologies permettant par exemple récupérer l’eau de pluie la filtrer et l’utiliser dans la maison ou encore pour la réutilisation des eaux usées domestiques. Des points qui devraient être abordés ce jeudi par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, lors de la présentation du plan gouvernemental « eau ».

Vendredi, Alain Rousset s’est lui adressé aux responsables agricoles et industriels des 26 départements du bassin pour les mobiliser et leur présenter la situation, mais aussi les mesures prises pour cet été et les années à venir. Pour aider les acteurs, un outil pour suivre en temps réel la ressource sera aussi disponible cet été. Et un arrêté cadre vient d’être pris. Il permettra de fixer des niveaux d’alerte homogènes et garantira des prises de mesures restrictives plus rapidement, que ce soit l’arrêt de remplissage des piscines, l’arrosage des golfs ou encore les prélèvements pour irriguer.