France

Submersion marine : un village du Cap Ferret surélevé avec des vérins hydrauliques.

Manon Drouillard a travaillé à la surélévation de l’Herbe, l’un des dix villages de la presqu’île du Cap Ferret, en Gironde, pour son projet de fin d’études à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux (Ensap). Son projet de mise sur pilotis de 160 cabanes ostréicoles et d’habitation est menacé par la montée des eaux de 50 cm à un mètre d’ici 2050, selon les prévisions du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).


Sa proposition architecturale a suscité un vif débat, tant au niveau local que national. Dans le cadre de son projet de fin d’études à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux (Ensap), Manon Drouillard a conçu une surélévation de l’Herbe, l’un des dix villages de la presqu’île du Cap Ferret en Gironde, également un des plus peuplés. Au milieu du XIXe siècle, des pêcheurs ont commencé à s’y établir de manière sommaire, tandis qu’aujourd’hui, c’est devenu un des lieux les plus prisés du Bassin d’Arcachon.

Elle explique à *20 Minutes* son projet de surélévation de 160 cabanes ostréicoles et d’habitations, menacées par une montée des eaux de 50 cm à un mètre, d’après les prévisions du bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) d’ici 2050.

Pourquoi avez-vous choisi de vous intéresser à la problématique de la submersion marine à laquelle ce village du Cap Ferret va devoir faire face ?

Je remarque que nous sommes dans une phase de contemplation. Nous observons les dégâts causés au fil du temps, mais ils passent et nous finissons par oublier, nous passons à autre chose. Nous ne pourrons pas continuer ainsi éternellement.

Durant un an et demi, dans le cadre de mon mémoire de recherche à l’Ensap, je me suis interrogée : que faisons-nous des habitants et des constructions sur le littoral alors que l’eau arrive face à nous ? J’ai rencontré plusieurs acteurs du littoral, localement et jusqu’au ministère, des habitants, des chargés de stratégie et d’aménagement côtier, etc.

Sur le plan pratique, j’ai choisi le village de l’Herbe, car il fait partie des lieux du littoral que j’ai fréquentés pendant mon enfance et est intéressant en raison de son agencement et de sa complexité. Face au risque de submersion marine, nous ne pourrons ni tout sauver ni tout garder, mais nous devons nous adapter au contexte. À Lacanau, il sera inévitable de reculer le centre-ville et à d’autres endroits, certains habitants devront partir. Je pense qu’il existe des solutions sur mesure à trouver, selon les sites.

Expliquez-nous quelle est la technique de surélévation que vous avez imaginée pour le village de l’Herbe ?

J’ai beaucoup voyagé pour mes études en architecture, ce qui m’a permis d’observer différentes techniques d’habitats face à l’eau. De retour, j’ai également effectué de nombreuses recherches avant de m’orienter vers une technique utilisée aux États-Unis, en Australie ou encore au Canada.

Sur une maison existante, on creuse tout autour et on vient se positionner au niveau des fondations, qui peuvent se désolidariser du sol. On utilise des poutres en acier avec des vérins hydrauliques placés en dessous. Grâce à une pompe, ils peuvent être synchronisés pour lever la construction à la hauteur souhaitée. Les réseaux d’électricité et d’eau, interrompus pour la surélévation, peuvent être prolongés et raccordés en longeant les pilotis.

Aux États-Unis, lorsque l’on surélève une maison, on profite de l’occasion pour rénover les fondations et ajouter un rez-de-chaussée par le dessous, en cas de besoin de pièces supplémentaires.

Que peut-on dire sur le coût d’un tel projet à ce stade ?

Évaluer le coût est compliqué, car cela n’existe pas encore. D’après l’expérience d’autres pays, nous savons que cela coûte largement moins cher de travailler par le dessous que de démolir et reconstruire. Étant donné la configuration du village, qui est bloquée par la dune à l’arrière, peu d’autres options s’offrent à nous si les gens souhaitent rester.

Mon projet n’a pas remporté le concours international d’architecture et d’innovation de la fondation Jacques-Rougerie en novembre, dans la catégorie « montée de seaux et enjeux littoraux », mais il a été sélectionné parmi les 25 finalistes sur 580 candidats à l’international. J’espère que cette visibilité contribuera à lui offrir une suite favorable.