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Stellantis : Carlos Tavares promet de l’activité dans les usines mais « aucune garantie » pour l’avenir

C’était peut-être sa dernière virée en terre bretonne. Alors que sa retraite sonnera début 2026, Carlos Tavares entame sa tournée d’adieu dans les usines Stellantis. Ce lundi, le PDG du constructeur automobile était de passage à Rennes pour visiter les nouveaux ateliers et rencontrer le personnel et les syndicats du site de La Janais. Une usine « en pleine transformation » et qui se prépare à produire dans les prochains mois le futur SUV électrique de Citröen, le CR3 (son nom de code) qui remplacera au second semestre 2025 le C5 Aircross. Entre inquiétudes sur l’emploi, coût des voitures électriques et élection de Trump, le patron portugais à la tête d’une quinzaine de marques automobiles, a balayé de nombreux sujets avec la presse. Morceaux choisis.

Présentez-nous un peu ce nouveau modèle qui a été dévoilé lors du dernier Mondial de l’auto…

Ce sera le futur C5 Aircross, avec une version électrique et une version hybride plus abordable pour répondre à tous les besoins. Ce sera une voiture compétitive avec pas loin de 700 kilomètres d’autonomie, une vraie modernité et tout le confort Citroën. Je l’ai essayée tout à l’heure sur notre piste d’essai confidentiel et elle est assez remarquable. Il faut maintenant souhaiter comme pour chaque modèle qu’elle trouve ses clients. On espère en vendre entre 50.000 et 80.000 par an.

Les syndicats réclament déjà un nouveau véhicule sur le site. Est-ce à l’ordre du jour ?

Pas dans l’immédiat. Mais dans la mesure où le CR3 sera assemblé sur la nouvelle plateforme STLA Medium, il peut y avoir d’autres opportunités ou des besoins entre les différentes usines pour faire face au succès commercial de nos modèles, donc tout est possible. Mais pour l’instant ce n’est pas prévu.

Il y a des craintes à Rennes mais aussi dans toutes les usines du groupe. Quel message adressez-vous aux salariés ?

Tous les sites français savent parfaitement les véhicules qui leur sont affectés pour les prochaines années. Il y a un horizon a minima pour 2028 pour Poissy et 2030-2032 pour les autres. Nous savons donc exactement où nous allons et les organisations syndicales le savent aussi. Mais les garanties n’existent pas, en particulier dans le monde occidental et dans notre industrie. L’activité du site de Rennes dépendra du succès commercial de la future C5 Aircross dont je pense le plus grand bien. J’espère qu’elle connaîtra le succès mais nous n’en savons rien. Il n’y a donc aucune garantie et ce n’est pas souhaitable d’en donner. La garantie vient de l’attractivité du modèle, de son positionnement prix, de sa qualité, de notre capacité à suivre le marché et à coller aux attentes des clients. On a beaucoup d’atouts dans notre jeu mais on ne maîtrise pas tout.

Tous les constructeurs sont aujourd’hui tournés vers l’électrique. Mais tous les clients ne suivent pas encore forcément car cela a un coût…

Cela fait des années qu’on répète que la mobilité zéro émission est plus coûteuse. Sachant que les consommateurs veulent acheter de l’électrique au prix du thermique, il nous faut donc redoubler d’efforts pour réduire les coûts. C’est pour cela que l’on a investi partout en Europe, il faut maintenant utiliser tous ces outils. Quant à la question de la réglementation, on ne demande pas de la changer. On demande juste de la stabilité pour nous permettre de travailler en profondeur. Et s’il y a des changements, et bien on s’adaptera.

Le marché américain est très important pour Stellantis. L’élection de Donald Trump va-t-elle vous obliger à changer de stratégie, notamment sur l’électrique ?

Il peut en effet y avoir des différences entre les États-Unis et l’Europe sur les solutions qu’il faut apporter à la question du réchauffement climatique. Depuis que Donald Trump a été élu, nous avons une pléthore de personnes qui nous expliquent ce qu’il va décider. Mais moi je ne sais pas ce qu’il va décider. Je sais ce qu’il a dit avant mais après il décidera de ce qu’il jugera bien pour son pays. On va respectueusement attendre qu’il prenne les décisions qu’il juge bonnes pour son pays et nous nous adapterons comme nous le faisons partout. Nous sommes là pour servir et pas pour donner des leçons, certainement pas. Car la mission de l’entreprise est simple : offrir une mobilité propre, sûre et abordable. Avec le dosage qui correspond aux attentes des pays dans lesquels nous opérons.