« Star Academy » : « La saison 4 a marqué le public »… Les anciens se confient entre nostalgie et souvenir de Grégory
«Il ne se passe pas un jour sans que l’on me reconnaisse dans la rue, sans que l’on me salue ou que l’on me pose des questions sur l’émission. Je crois que ça a marqué l’esprit des gens. Est-ce que c’est notre promo ? Est-ce que c’est l’époque ? Mais ça m’étonne grandement », confie Hoda à 20 Minutes. En 2004, la Toulousaine avait 25 ans et avait atteint la demi-finale de « Star Academy ».
Mathieu Johann, également demi-finaliste donne des pistes pour expliquer le phénomène : « On a vécu une aventure extraordinaire devant 9 à 11 millions de téléspectateurs. C’était fou. Notre saison, ce sont des millions de disques vendus. On me parle encore de l’hymne Laissez moi danser et on me remercie. On me dit que j’ai eu de la chance de rencontrer Grégory. »
« Crise de la quarantaine »
Vingt ans plus tard, TF1 célébrera, ce samedi, à 21h10, l’anniversaire de la quatrième saison du télécrochet et de la victoire de Grégory Lemarchal – qui est décédé des suites de la mucoviscidose en 2007, à l’âge de 23 ans. Pour la répétitrice Lucie Bernardoni et la coanimatrice Karima Charni, anciennes de la promo 2004, le prime s’annonce chargé en émotion.
« Je regarde toujours vers l’avant. Mais j’ai une affection particulière pour la jeune fille que j’étais le 3 septembre 2004 en entrant sur le plateau », nous confiait Karima Charni avant le lancement de l’actuelle saison, tout en se réjouissant que la nouvelle promotion interprète une chanson inédite de Grégory Lemarchal.
Sofiane, qui avait 23 ans à l’époque, nous dit être « toujours nostalgique de cette pureté qu’il y avait entre les élèves ». « Mais c’est peut-être dû à la crise de la quarantaine », suggère-t-il. Hoda, elle, préfère les termes de « candeur » et de « naïveté » : « Je crois que c’est ce qui a marqué les téléspectateurs. Les gens qui me parlent de « Star Academy » font des comparaisons, me disent que les nouvelles saisons sont bien mais que c’était différent avant. »
« Une bande de gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer »
« La nouvelle génération a grandi avec les réseaux sociaux, avec une caméra sur les téléphones, dans cette idée de partage de leur vie, qu’on n’avait pas forcément en 2004. C’étaient les débuts de YouTube. Nos réseaux sociaux, c’étaient MSN et Skyblog, se rappelle-t-elle. Quand on est arrivés au château, quoi de plus bizarre que de voir des caméras H24 suspendues au plafond, de devoir porter un micro en permanence. La nouvelle génération est comme un poisson dans l’eau avec ça. Pour les élèves de la promotion actuelle, c’est un élément de stress qu’ils n’ont pas à gérer. »
Aux yeux de Mathieu Johann, la saison 4, « c’est surtout l’histoire d’une bande de gens qui n’auraient jamais dû se rencontrer et qui évoluaient ensemble avec pour décor un château extraordinaire et des artistes internationaux toutes les semaines. Joe Cocker, Phil Collins, Beyoncé, Zucchero… ça n’arrêtait pas ! » Le Normand garde surtout en mémoire son duo avec Maurane, « l’un des plus grands moments de [sa] vie ». Sofiane, lui, a été marqué par « le sex-appeal de Lenny Kravitz » : « Tu comprends pourquoi certains artistes ont le truc en plus, l’aura… Il nous a raconté son parcours du combattant. Cela m’a appris que chanteur, musicien, c’est un vrai métier. » Hoda, elle, n’oubliera jamais qu’elle a partagé la scène avec Tina Turner. Quand elle revoit les vidéos aujourd’hui, elle éprouve « la fierté d’avoir relevé ce défi ».
« Au bout de deux semaines, on souhaitait que Grégory soit le gagnant »
Ce qui fait la particularité de la saison 4, c’est surtout le fait que, pour l’ensemble des élèves, il était évident que la victoire ne pouvait échapper à Grégory Lemarchal. « Lors du premier prime, sans le connaître humainement, sa voix, son être, son regard, son charisme m’ont percutée d’office, assure Hoda. Au bout de deux semaines de travail avec lui, on souhaitait tous que ce soit lui le gagnant. Le but était de voir qui allait l’accompagner en finale et de décrocher notre ticket pour la tournée, pour poursuivre le plaisir. »
Notre dossier « Star Academy »
« Avec Grégory, on se disait les choses, il n’y avait pas de filtre, j’étais assez dur avec lui. C’était un rapport très fraternel. Je lui disais « Si tu dois gagner, tu m’auras à la loyale, ta maladie, je m’en fous » », avance Sofiane. Et d’ajouter : « Avec Grégory, on ne pouvait qu’apprendre sur le plan humain. Il était un exemple sur plein de choses. » « Quand on commençait à être fatigués ou à nous plaindre, la première personne à nous mettre un coup de pied aux fesses, c’était lui, affirme Hoda. Il nous disait : « Eh oh, tu te ressaisis, tu n’as pas le droit de flancher ! » C’était une véritable leçon de vie. »
« La fin d’une époque »
« Avoir partagé l’histoire de Grégory Lemarchal, ce n’est pas rien dans la vie d’un homme. Il restera éternel pour toute notre promotion », glisse Mathieu Johann. Désormais attaché de presse et directeur de collection en maison d’édition, il avait, en 2020, fédéré ses anciens camarades autour d’un album hommage à leur ami décédé. « Je ne sais pas si « Star Academy » nous a permis de former une famille. Vingt ans après, je ne crois pas, mais elle aura permis de faire avancer le combat de la famille Lemarchal, le combat qui était celui de Grégory au quotidien et Dieu sait que c’était difficile. Rien que pour ça, je suis heureux qu’on continue de parler de cette saison 4. »
Ce samedi, Mathieu Johann sera à un salon du livre à Toulon et ne sera donc pas sur le plateau du télécrochet. « Pour moi, c’est la fin d’une époque. Je crois que j’ai définitivement tourné la page de cette émission que j’aime, que j’admire. Je suis resté proche de Nikos Aliagas et du producteur Mathieu Vergne. Je ne peux que remercier la « Star Ac » d’avoir réalisé mes rêves que je pensais impossibles. Mais il est temps de laisser la place à la nouvelle génération et je crois que cette nostalgie, je la garderai pour moi maintenant. »