FranceSport

Stade Toulousain : « Samba » et panache… Mais qui peut arrêter Thomas Ramos ?

Au stade Ernest-Wallon,

Et soudain, une chanson s’est élevée du bas des tribunes d’Ernest-Wallon, plus d’une heure après la fin de ce jouissif Stade Toulousain – Sharks (54-20) en quart de finale de Champions Cup. Pour en écouter un extrait, mieux vaut compter sur la vidéo qui suit que sur un éventuel passage de cette grappe de supporteurs toulousains à The Voice. Le texte est inspiré d’un air bien connu : « Ramos c’est le Brésil, il danse la samba, il va de ville en ville, mettre des pénalités. » Pour la rime, on repassera, mais Thomas Ramos, de retour sur la pelouse à ce moment-là, a eu l’air d’apprécier l’intention.

Un peu plus tôt, l’arrière du Stade Toulousain avait planté 29 points face à la franchise de Durban, dont deux essais. Dans la foulée d’un Tournoi des VI Nations haut de gamme, qu’il a terminé comme « pichichi » (84 points, meilleur total pour un Français sur une édition), l’international de 27 ans n’a pas raté grand-chose, et aurait pu même signer un triplé sans une passe approximative de Matthis Lebel devant la ligne adverse.

Un coup de pied qui change tout

Son sublime coup de godasse de la 69e minute, alors que les Requins ne rôdaient qu’à 6 points de son équipe (26-20) a permis de trouver un 50-22, et donc une touche qui a débouché sur l’essai de Peato Mauvaka. Le premier d’une série de quatre en douze minutes, au cours d’une fin de match sous forme de feu d’artifice Rouge et Noir.

De quoi être désigné homme du match sans trop de débats, comme six jours plus tard en quart de finale face à d’autres Sud-Africains, les Bulls de Pretoria (33-9). Ou presque. « Je ne dénigre pas ce choix, mais Romain Ntamack a été incroyable aujourd’hui dans sa prise de décisions et ses choix », objectait le manager stadiste Ugo Mola. Pour tout dire, derrière des avants dominateurs après 20 premières minutes compliquées, la triplette Ntamack-Dupont-Ramos aurait mérité de se partager ce lointain héritier du trophée Gedimat, qui revenait systématiquement à Vincent Clerc dès qu’il mettait un pied sur une pelouse.

« Ils sont connectés », souffle Mola, qui évoque la « génération incroyable » dont bénéficie Toulouse. Antoine Dupont parle aussi de « connexion » pour évoquer le rapport avec son ouvreur Ntamack et son arrière Ramos, capable également de prendre le n° 10 sans souci, comme il l’avait prouvé lors du titre de champion de France 2019 ou au début de cette saison. L’été dernier justement, on lui promettait le purgatoire avec l’arrivée du Perpignanais Melvyn Jaminet, alors titulaire au n° 15 en équipe de France, et de l’Italien de Grenoble Ange Capuozzo.

Jaminet repoussé en tribunes

Le fier Tarnais, dont le départ de Toulouse fut même un temps évoqué, a laissé dire. Et il a mis tout le monde d’accord, en club comme en sélection, dès la tournée d’automne. Ses cinq semaines de suspension pour un coup de tête sanctionné d’un carton rouge contre les Anglais de Sale (45-19, le 18 décembre) n’ont pas été un coup d’arrêt, mais plutôt une plage de récupération avant de reprendre le fil du meilleur exercice de sa carrière. Ce samedi, si Capuozzo était blessé, Jaminet a regardé son concurrent briller depuis les tribunes, faute de polyvalence suffisante pour postuler à une place de remplaçant.

Plein de panache mais jamais tête brûlée (sauf peut-être sur cette incroyable passe à ras de terre de footballeur pour Ntamack dans son propre en-but, dès la 7e minute), Ramos incarne à merveille le « jeu à la toulousaine ». Un rugby souvent fantasmé, mais qui devient réalité lorsque le pack stadiste se met en marche pour permettre au talent des trois-quarts de s’exprimer. Comme en cette fin de match égayée d’un plongeon en terre promise, après une offrande de Dupont.

Le chambrage d’Antoine Dupont

Le capitaine, passeur décisif à cinq reprises (sur sept essais !), aurait peut-être pu y aller tout seul, mais il a fait croquer son copain. « C’était pour favoriser la transformation, entre les poteaux, pour lui faciliter la tâche. Le score était assez serré, et comme il a le pied qui tremble parfois. »

Le meilleur joueur de l’univers avait la blague facile devant la presse. Mais les Toulousains ne riront sans doute plus beaucoup dans trois semaines, lorsqu’il s’agira de réussir l’impossible à Dublin face à l’ogre du Leinster en demi-finale de Champions Cup. En 2019 et l’an dernier, au même stade de la compétition, ils étaient repartis les joues et les fesses rougies de l’Aviva Stadium (30-12 puis 40-17).

Futur entraîneur du Stade Toulousain ?

Pour ce choc entre les principaux pourvoyeurs des XV d’Irlande et de France, Thomas Ramos et ses amis ne devront pas approcher l’excellence, mais l’atteindre. Heureusement, viser la lune, ça ne fait pas peur au natif de Mazamet, si longtemps cantonné au rang de faire-valoir en Bleu.

« Thomas s’est longtemps posé la question de savoir si c’était un joueur de classe internationale, glissait Mola après le succès face aux Bulls, dimanche dernier. Je pense qu’il est parti pour être un joueur de classe mondiale. » « C’est un garçon brillant, ajoutait le patron sportif du Stade. Il pourrait prendre ma place et je pense qu’il la prendra dans pas longtemps… » Enfin, il y a quelques échéances d’ici là. Une Coupe du monde à domicile par exemple.