France

Sports d’hiver : Verbalisations, radars, drones… Que faire pour limiter la vitesse sur les pistes de ski ?

Une skieuse de 62 ans aux Arcs, une autre de 21 ans à Val-Thorens quinze jours plus tard, et un skieur de 75 ans à Auris-en-Oisans, la semaine d’avant… « Cette année, on constate un nombre d’accidents assez graves, admet Claude Jay, président de la Fédération nationale de la sécurité et des secours sur les domaines skiables (FNSSDS). Très souvent, c’est lié à la vitesse et surtout, au manque de maîtrise. »

Alors, comment sécuriser les pistes ? Quelles mesures existent ? Que font les autres pays ? 20 Minutes fait le point.

Code de « bonne conduite » et signalisation… Les dispositifs actuels en France

« Il n’existe pas de texte dans la loi encadrant la pratique du ski comme c’est le cas pour les automobilistes et le Code de la route, indique le lieutenant-colonel Bertrand Host du PGHM de Chamonix. Les skieurs doivent cependant respecter les  »dix règles de bonnes conduites », notamment sur la vitesse et la sécurité. »

Pour sécuriser les pistes face à la vitesse, les stations mènent alors des campagnes de sensibilisation et installent des aménagements spécifiques comme les filets, les matelas, les aires de repos. « Certains domaines cassent cette vitesse avec des  »obstacles » ou en jouant sur l’inclinaison des pentes », complète Bertrand Host, soulignant l’importance de la signalisation aux intersections.

Que faire quand on constate un « excès de vitesse » au ski ? « Sans réglementation, impossible de verbaliser », pointe le colonel. Claude Jay ajoute : « Quelle est la vitesse acceptable finalement ? Le skieur qui maîtrise ses skis à 80 km/h sera moins dangereux qu’un débutant à 40. » Pour rappel, les skieurs restent responsables en cas d’accident ou de mise en danger d’autrui. « Ce sont les mêmes mécanismes de responsabilités sur les pistes que dans la rue », résume le gendarme.

Security patrol, drones et IA… Les innovations fleurissent dans les stations

Malgré l’absence de texte législatif, certaines stations innovent. Méribel vient d’introduire des « Security Patrols » pour « faire respecter les règles », informer et prévenir les comportements à risque sur les pistes comme les excès de vitesse dans des zones fréquentées. Ces équipes complètent celles des pisteurs/secouristes.

La station de Méribel a introduit une équipe de "Security Patrol" dans son domaine pour contrôler et informer les skieurs sur les pistes.
La station de Méribel a introduit une équipe de « Security Patrol » dans son domaine pour contrôler et informer les skieurs sur les pistes. - S3V

De son côté, la station de Flaine s’est dotée de drones pour surveiller le domaine skiable. L’engin analyse les flux, la vitesse des skieurs et décèle les comportements à risque. Pour respecter l’anonymat et la loi RGPD sur la protection des données personnelles, les drones sont utilisés en mode infrarouge, précise le site Mon-séjour-en-montagne. La station se sert aussi de l’intelligence artificielle pour analyser les données liées aux accidents et optimiser les patrouilles des pisteurs.

Retrait du forfait, limitations de vitesses et verbalisations… Les mesures plus strictes à l’étranger

Aux Etats-Unis, des stations ont instauré les limitations de vitesses. La police contrôle ainsi les skieurs avec des radars portatifs et verbalise en cas d’infractions (de 5 à 40 miles par heure en fonction des pistes). Ce dispositif existe aussi en Suisse. Grindelwald limite une de ses pistes à 30 km/h. Dans cette station, pas d’amende mais des « invitations à sortir de la zone » si une personne va trop vite. Ces deux pays pratiquent également le retrait de forfait face aux clients jugés dangereux sur les pistes.

En Italie, depuis 2022, les carabiniers peuvent donner des amendes (de 50 à 150 euros) aux skieurs pour « vitesse excessive susceptible de générer un danger pour le skieur et/ou autrui ». Des touristes belges l’ont expérimenté l’année dernière, flashés à 85 km/h.

Les pistes de réflexions pour les années à venir

La France pourrait-elle s’inspirer des autres pays ? « La FNSSDS y travaille », assure Claude Jay. Retrait des forfaits, pistes réservées aux débutants, radars pédagogiques, revoir la classification des pistes, donner plus de prérogatives aux pisteurs… « Tous ces sujets autour de la sécurité et la vitesse sont en discussion, développe-t-il. On ne s’interdit rien. Mais la prévention reste notre axe principal, plutôt que la répression ».

Notre dosier sur les stations de ski

En 2006, Nicolas Sarkozy réclamait « des sanctions contre ceux qui prennent des risques sur les pistes de ski » prônant « une tolérance zéro ». Plus de dix ans après, rien n’a changé. « Personne ne souhaite qu’on se mette à verbaliser systématiquement », conclut Laurent Raynaud, rappelant que le ski est un sport loisir « à risque », comme la planche à voile.