SpaceX, Tesla, X, Elon Musk en est désormais à plus de 400 milliards… Avant d’atteindre les 1.000 ?
La fusée monte, monte et monte encore, sans qu’on sache quand elle va s’arrêter. Avec une fortune estimée à 447 milliards de dollars (425 milliards d’euros) – l’équivalent du PIB de pays comme le Danemark ou la Hongrie – Elon Musk obtient cette semaine le « titre », selon Bloomberg, d’homme le plus riche de l’Histoire. Au revoir Jeff Bezos, Mark Zuckerberg ou Bill Gates : la Muskmania est plus que jamais lancée.
D’après le média économique, le magot du patron de Tesla, SpaceX et X a augmenté de 70 % depuis l’élection de Donald Trump, duquel il s’est rapproché pendant la campagne présidentielle américaine. Cette ascension est notamment portée par SpaceX, son entreprise d’aérospatiale. Celle-ci bénéficie déjà de nombreux contrats avec le gouvernement américain, et un récent jeu de passe-passe avec les actions de la société a fait grimper leur valeur, rapportant 50 milliards à Musk d’un seul coup.
Outisder et légitimité politique
« Elon Musk sait attraper les business et les faire réussir », reconnaît Thomas Houy, maître de conférences en Management à Télécom Paris. Sa principale stratégie ? Utiliser ce qu’il appelle lui-même la « théorie des premiers principes ». « Il prend des parts de marché en remettant en cause des principes historiques et parfois absurdes dans ses secteurs d’activité », explique le chercheur. Comme lorsqu’il a fondé SpaceX pour contourner le prix exorbitant des fusées, en travaillant lui-même les matériaux pour un prix raisonnable plutôt que d’acheter les appareils.
La proximité du patron de Tesla avec le président élu n’y est pas pour rien dans cette dynamique. « Les instances politiques sont légitimantes, donc cette nouvelle place d’Elon Musk [au sein du gouvernement américain] fait augmenter les valorisations », affirme Mathilde Morineaux, docteure en sciences de l’information et de la communication, spécialisée dans la gouvernance d’internet. Autre explication de cette trajectoire fulgurante, les médias, qui couvrent volontiers l’actualité et les succès des entreprises d’Elon Musk (un peu comme cet article). « Les technologies de l’information et de la communication ont été érigées au centre de nos sociétés, notamment dans leurs représentations médiatiques, reprend l’experte. Pour prendre un autre exemple, il n’y a jamais eu autant de nouvelles inscriptions sur Telegram qu’au déclenchement de la guerre en Ukraine. »
« L’important est de savoir se raconter »
Le patron de SpaceX maîtrise le storytelling qui l’entoure, se présentant comme un self-made-man. « Le fait qu’il ait réussi ou échoué importe peu, mais l’important est de savoir se raconter, complète l’experte. Notamment l’enfance, qu’il décrit comme une période d’isolement sociale : il en fait une force pour construire son personnage. »
Pour Lucie Gabriel, docteure en sciences de gestion et professeure à l’Inseec, Elon Musk a aussi « une image d’inventeur fou, qu’il accentue davantage que son statut de milliardaire ». Une sorte de gourou pour les « cryptobros » d’Internet et les fans d’entrepreneuriat. « Dans sa vision, il se voit comme le sauveur de l’humanité, jusqu’à l’emmener sur Mars si nécessaire, complète la docteure. Il a toujours été aligné sur cette visée ». SpaceX, précisément, « s’appuie sur le mythe de la conquête », complète Mathilde Morineaux.
Objectif : le billion en 2027 ?
Selon une étude de l’agence Informa Connect Academy, Elon Musk pourrait être la première personnalité dont la fortune dépasserait les 1.000 milliards, ce qui en ferait le premier billionnaire (ou « trillionaire » en anglais). Cela pourrait intervenir dès 2027, alors que la famille Arnaud ne rejoindrait ce nouveau club qu’en 2030. Mais difficile de faire des plans sur la comète SpaceX. « Nous vivons un changement de paradigme économique, en passant d’un monde risqué [où l’on peut quand même prévoir les aléas] à un monde incertain, avance Thomas Houy. Dans un monde incertain, le débat sur l’expertise d’Elon Musk est un peu absurde. Sur SpaceX, il a des entrées avec l’Etat américain, mais sur ses autres entreprises, il est moins protégé de la concurrence. »
Elon Musk a aussi fait le choix de lier son image, au moins à court terme, au destin de Donald Trump. L’aura disruptive du personnage pourrait-elle être entachée si le président américain s’abîme pendant son second mandat ? « La routinisation du charisme, c’est périlleux, reconnaît Lucie Gabriel. […] Dans le milieu politique, Elon Musk est plus scruté et plus exposé que dans le milieu de l’entreprise, donc il prend davantage de risques […] Il faut qu’il soit couronné de succès, sinon il pourrait décevoir. »