Soumission chimique : « Le 31 décembre 2009, à Shanghai, j’ai été victime de la drogue du violeur »
«Je me souviens encore d’avoir levé ma coupe pour célébrer les douze coups de minuit et avoir posé mon verre sur le bord de la piste de danse. Puis, plus rien. Le vide absolu. Jusqu’au réveil. » Le 31 décembre 2009, à Shanghai, Aurélie Croiziers de Lacvivier ingère sans le savoir de la drogue du violeur, du GHB. Elle se réveille quelques heures plus tard dans un salon de massage, sans avoir aucune idée de ce qu’il lui est arrivé. Mais son cauchemar ne s’arrête pas là…
Lorsqu’elle parvient à rentrer chez elle, elle retrouve son conjoint qui l’avait perdue de vue pendant la soirée, celui-ci est persuadé qu’elle l’a trompé. Elle va alors subir un viol conjugal, un rapport sexuel contraint, non consenti avec lui. « Il voulait probablement être rassuré sur ma fidélité ou sa virilité, je n’en sais rien », tente d’expliquer Aurélie Croiziers de Lacvivier.
Quatre jours pour réaliser
Ce n’est qu’en reprenant le travail qu’Aurélie va réaliser ce qu’elle vient de traverser. « Ma cheffe de l’époque, m’a dit » ce n’est pas normal ce qui t’est arrivé, allons porter plainte, allons à la police « , elle m’a prise en main comme une victime. » Grâce à une consultation chez le médecin, elle apprend qu’elle a été droguée, probablement au GHB.
Un an et demi avant de pouvoir identifier une double agression
Après avoir quitté son compagnon et après neuf mois de psychothérapie, elle réalise qu’elle a subi une double agression : « J’ai réussi à poser les mots à ce moment-là et à me dire que vraiment, ce n’était pas normal ce qui m’était arrivé. Ça a été le début, en fait, de ce long travail de reconstruction. »
Aurélie Croiziers de Lacvivier raconte ensuite qu’elle a mis plus de 10 ans à éprouver de la colère envers son conjoint de l’époque. Que pendant toutes ces années se sont mêlés des sentiments de culpabilité et de honte. Et à chaque évènement important de sa vie, comme une grossesse ou le confinement de la période Covid, les stigmates de cette double agression ressurgissent. « Aujourd’hui je suis heureuse de pouvoir témoigner, mais je dois garder beaucoup d’humilité car je ne sais pas si j’ai compris toutes les résonances de cette double agression. »
L’intégralité de son témoignage est à retrouver dans la vidéo placée en tête de cet article.