Soumission chimique : A quoi pourrait ressembler le kit de détection, « le pire ennemi des prédateurs » ?
Pas la peine d’en chercher, vous n’en trouverez pas en pharmacie. Les kits de détection de soumission chimique, dont le remboursement a été annoncé lundi par Michel Barnier, ne sont pas encore disponibles dans les officines. Sandrine Josso, la députée MoDem qui copilote la mission parlementaire sur la soumission chimique (le fait de droguer une personne à son insu afin de l’agresser) planche actuellement sur la composition de ces kits. Le but de cette expérimentation : donner à toutes les femmes la même possibilité de recueil de preuves, peu importe le niveau de revenu et le lieu d’habitation.
Jusqu’à aujourd’hui, ces analyses toxicologues, qui doivent être réalisées dans les heures suivant les faits (sauf pour les cheveux) étaient conditionnées au dépôt de plainte. Or, rare sont les victimes à franchir la porte d’un commissariat. « Toutes les personnes qui pensent être victimes de soumission chimique pourront désormais se rendre en pharmacie pour retirer un kit du lendemain, comme elle prendrait une pilule du lendemain », explique Sandrine Josso auprès de 20 Minutes.
Un kit du lendemain en pharmacie
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’y aura pas, dans cette pochette, de bandelette ou autre procédé de détection comme pour le Covid-19. Tout simplement car la recherche est trop technique. « L’analyse doit être faite dans des laboratoires de toxicologie experts car il y a des centaines d’agents de soumission chimique à identifier et ils doivent pouvoir être détectés même en quantité minime, ce que tous les laboratoires ne sont pas capables de faire », appuie le docteur Leïla Chaouachi, pharmacienne, experte nationale de l’enquête soumission chimique de l’ANSM et membre du Crafs (centre de référence sur les agressions facilitées par les substances chimiques).
Un flacon pour récolter l’urine, transmis ensuite au laboratoire expert, pourrait par contre faire partie du dispositif. La prise de sang devra, elle, être réalisée par un professionnel de santé, infirmier ou pharmacien, dont le numéro devrait se trouver dans le kit. Grâce à ce dispositif, le pharmacien aura dans la pochette le contact du laboratoire expert le plus proche afin d’envoyer les échantillons prélevés. Dernier détail, et pas des moindres, pour se procurer ce kit, il faudra probablement détenir une prescription. Dans les déserts médicaux, la piste des téléconsultations pourrait être envisagée, d’après Sandrine Josso.
Numéros de téléphone et conseils pratiques
Il s’agirait donc davantage d’un « kit d’accompagnement et d’orientation » des victimes. A l’intérieur : le numéro et le site Internet du Crafs, une plateforme d’aide tenue par des spécialistes de la soumission chimique. « Il pourrait également y avoir les coordonnées du professionnel disponible habilité à réaliser les prélèvements qu’il s’agisse d’un infirmier ou d’un pharmacien de garde », précise Sandrine Josso.
Le pharmacien disposera également du nom du laboratoire référent sur le territoire concerné. « L’idée est de flécher le parcours de soins pour toutes les victimes afin de leur garantir l’accès aux analyses », assure la pharmacienne Leïla Chaouachi. Seront également inscrits tous les conseils utiles pour les victimes, tels que les délais pour réaliser les prélèvements, le fait de conserver ses vêtements dans un sac en carton ou de ne pas se laver pour garder de potentielles traces sur son corps.
« Ce kit doit devenir le pire ennemi des prédateurs »
Si le rapport de la mission parlementaire sur la soumission chimique doit être rendu en mai prochain, Sandrine Josso espère lancer ces kits « le plus rapidement possible ». « Au regard de la motivation des professionnels de santé et du gouvernement, ça peut aller très vite. »
Pour en savoir plus sur la soumission chimique
Ce dispositif pourra évoluer au fur et à mesure des discussions avec les professionnels du secteur. « Ce kit doit devenir le pire ennemi des prédateurs », insiste la députée. Le Premier ministre a toutefois précisé lundi que ces dispositifs ne seront disponibles que dans certains départements.