Sommet de l’IA : Et si nos données devenaient la plus grande source de pollution mondiale ?

Stocker une photo, lancer une vidéo, poser une question à une IA… Chaque seconde, des milliards de données circulent à travers le monde. Elles sont stockées et traitées dans des lieux invisibles pour le grand public : les data centers ou centres de données. Indispensables à notre vie numérique, ils permettent d’héberger sites web, applications, services de streaming et algorithmes d’intelligence artificielle (IA). Mais ces centres de données sont aussi des gouffres énergétiques.
En France, on recense plus de 300 data centers opérés par des entreprises spécialisées. Un nombre qui continue d’augmenter. Le numérique représente 4,4 % de l’empreinte carbone en France en 2022, un chiffre avoisinant les émissions totales du secteur des poids lourds selon l’Ademe, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Dans ce chiffre, près de 50 % sont liés aux data centers.
« On a l’impression d’un monde virtuel, de nuage et on se pose rarement la question de cet impact qui est pourtant globalement en croissance », alerte Aurélie Bugeau, enseignante-chercheuse en informatique à l’université de Bordeaux qui s’intéresse aux impacts environnementaux du numérique.
Pourquoi les centres de données consomment-ils autant ?
Leur empreinte environnementale tient à plusieurs facteurs. « Il y a des impacts liés à la fabrication du centre de données lui-même, mais aussi tous les équipements informatiques qu’il y a dedans. Et il faut savoir que ces équipements sont renouvelés assez régulièrement ».
Autre problème : ces systèmes sont en marche en continu, attendant une sollicitation. Les serveurs chauffent donc constamment, utilisant de l’électricité. Pour éviter la panne, des systèmes de refroidissement sont utilisés, eux-mêmes très demandeurs en énergie. « Il y a aussi une grande consommation d’eau pour cette phase de refroidissement », explique la chercheuse.
L’Intelligence artificielle amplifiera-t-elle ce phénomène ?
Et la situation risque de s’aggraver. Si rien n’est fait, l’impact du numérique pourrait tripler d’ici 2050, selon les projections de l’Ademe. Notamment en cause : l’essor de l’intelligence artificielle. « L’IA prend de plus en plus de place dans les data centers. Toutes les estimations disent que sa part de consommation électrique va augmenter », prévient Aurélie Bugeau.
La Commission européenne a fixé un objectif de neutralité climatique pour les data centers d’ici 2030. Certaines initiatives émergent donc pour accompagner les acteurs du secteur. C’est le cas d’AGIT, l’Alliance Green IT, qui regroupe les professionnels engagés pour un numérique écoresponsable.
L’association a notamment publié un livre blanc « Data center, maîtriser et optimiser son impact environnemental » qui présente les leviers potentiels pour réduire l’impact environnemental de ces centres de données.
Le reportage à voir dans la vidéo en tête de l’article