France

Sismicité : Visite du Bureau central sismologique français et ses capteurs en France.

Le Bureau central sismologique français (BCSF) est situé dans un bâtiment de l’université de Strasbourg, où tous les tremblements de terre sont enregistrés, analysés et documentés. En 2019, un sismologue s’était rendu au Teil, en Ardèche, suite à un événement de magnitude 5,4 qui avait provoqué de nombreux dégâts.


Un stylet se déplaçant pour retranscrire les vibrations terrestres sur des rouleaux en papier… C’est ainsi que, dans l’imaginaire commun, les séismes sont détectés. Est-ce la réalité ? Pas vraiment. « Ces sismographes-là, on ne les utilise plus, c’est juste pour la photo. Maintenant, tout est numérique », sourit Marc Grunberg, directeur du Bureau central sismologique français (BCSF) – Rénass.

C’est dans un bâtiment de l’université de Strasbourg que tous les tremblements de terre sont enregistrés, analysés et documentés. Le lieu ne présente rien d’impressionnant : des bureaux, une « salle de crise » et une salle d’analyse, le tout sans équipement particulier, uniquement des ordinateurs. « On peut aussi tout faire en télétravail », indique le responsable, qui supervise six collaborateurs.

Ce sont eux qui interprètent les données sismographiques, en continu. Derrière deux écrans, Rémi Drentzen aperçoit de nombreux « événements ». À 10h57, le jour de notre reportage, un tremblement de terre de magnitude 0,8 est détecté près de Turin, en Italie. Quelques minutes plus tard, quatre tirs de carrière provoquent également des vibrations, proche de Pau, du Puy-en-Velay et de Fribourg (Allemagne). À chaque fois, l’analyste sismologue « révise et confirme » l’information avant qu’elle ne soit définitivement validée. L’heure, la latitude, la longitude et la profondeur du tremblement sont alors enregistrées.

Peu d’activités sismiques dans l’Aube

Il s’appuie pour cela sur de nombreux capteurs de vibration. « À l’échelle de l’Hexagone, nous en avons 400 qui sont soit posés au sol, soit installés en profondeur », précise Marc Grunberg, en les montrant sur une carte. Ils couvrent pratiquement tout le territoire, en particulier les zones montagneuses. Une particularité, aucun capteur ne semble être installé près de Troyes, dans l’Aube. « Oui, c’est un petit trou car l’activité sismique y est faible. »

À l’opposé, on observe une activité dans les Pyrénées, Alpes, Jura, Vosges et la Bretagne élargie. « En clair, il peut y avoir des tremblements de terre partout dans l’Hexagone mais un peu moins dans les bassins aquitain et parisien », résume Antoine Schulpp, qui analyse également ces séismes et les documente.

En 2019, le sismologue s’était par exemple rendu au Teil, en Ardèche, une commune touchée par un événement de magnitude 5,4 qui avait causé de nombreux dégâts. « Nous faisons aussi appel aux personnes qui ont vécu le tremblement de terre. Elles peuvent remplir un questionnaire sur notre site [franceseisme.fr], cela nous aide beaucoup. Ça nous permet de mieux qualifier l’intensité et de savoir jusqu’où le séisme a été ressenti et comment », insiste-t-il.

Le BCSF-Rénass, sous la tutelle du CNRS et de l’université de Strasbourg, ne surveille pas seulement les tremblements de terre nationaux. Les résultats des capteurs du monde entier arrivent également sur leurs écrans. « Seulement pour les plus gros événements. Un séisme d’une magnitude inférieure à 2 en Inde, on ne le saura pas forcément. Mais c’est un domaine où tout le monde partage ses observations », souligne Marc Grunberg, ajoutant une précision qui lui tient à cœur. « Écrivez-le bien : il ne faut pas confondre magnitude et intensité. La magnitude, c’est l’énergie dissipée par un séisme ; l’intensité, c’est la sévérité de la secousse à un endroit précis. » Compris ?