« Sigma Boy » : Ce tube viral est-il une chanson « innocente » ou… une arme de propagande russe ?
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«Sigma, sigma boy, sigma boy, sigma boy »… Avec son refrain entêtant, le tube Sigma Boy, qui casse le Web depuis sa publication, en octobre 2024, doit-il son incroyable succès (il a déjà été visionné près de 77 millions de fois sur YouTube) à ses qualités musicales… ou au message « secret » que ses très jeunes interprètes (elles ont 11 et 12 ans) véhiculent ?
Une chanson masculiniste ?
C’est cette seconde hypothèse que privilégie le HuffPost, qui voit dans le titre Sigma Boy la promotion des mâles sigma, « une désignation misogyne (à l’instar du célèbre mâle alpha) pour qualifier un type d’hommes » : là où l’alpha revendique sa dominance, le sigma serait plus solitaire, plus mystérieux… et plus puissant.
La figure du mâle sigma aurait été conceptualisée par le suprémaciste blanc américain Vox Day, dès 2010, rappelle le HuffPost. Et la promotion de cette « catégorie » de mâles dominants aurait, depuis, été relayée par de nombreux blogueurs et influenceurs ouvertement masculinistes.
Sud Ouest rapporte d’ailleurs que le hashtag #Sigma, porté par des milliers de vidéos « à la gloire de ce modèle d’homme faisant fi des conventions sociales », cumule carrément plusieurs milliards de vues sur TikTok.
Un outil de propagande ?
Mais ce tube pourrait également véhiculer un message d’une tout autre nature. C’est en tout cas ce que redoute l’eurodéputée allemande Nela Riehl, qui en a demandé l’interdiction devant le parlement européen, en janvier 2025, au motif que Sigma Boy serait « un outil de promotion d’une vision patriarcale et prorusse », et l’un des exemples de « l’infiltration russe » sur les réseaux sociaux, remarque France Inter.
Pour le Centre de lutte contre la désinformation ukrainien, le Kremlin utiliserait en effet la musique comme « outil de soft power pour pousser ses narratifs ». Et Sigma Boy, en banalisant la présence russe sur TikTok et YouTube, deviendrait une arme dans « la guerre de l’information » lancée par la Russie.
Notre dossier « Chanson »
Une assertion démentie par Mikhaïl Chertishchev, papa de l’une des interprètes et compositeur de la chanson, qui assure que le titre « n’a aucune portée politique », souligne Sud Ouest. Le ministère des Affaires étrangères russe, lui, moque les commentateurs européens en les accusant de « russophobie pathologique ».