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« Shutdown » aux Etats-Unis : un fonctionnaire raconte son cauchemar de 2018 après 15 jours sans salaire

À Las Vegas, Nevada, des milliers d’agents de la Transportation Security Administration (TSA) continuent de travailler sans être payés depuis le début du « shutdown ». En Arizona, Juan Casarez, président de la section locale de Phoenix de l’American Federation of Government Employees (AFGE), a déclaré que les employés essentiels restent en poste aux points de contrôle de sécurité, même s’ils ne sont pas rémunérés.

À Las Vegas, Nevada,

Deux semaines après le début du « shutdown », des milliers d’agents de la Transportation Security Administration (TSA) continuent de travailler sans être rémunérés. À Phoenix, en Arizona, Juan Casarez, président de la section locale de l’American Federation of Government Employees (AFGE), décrit l’incertitude croissante parmi le personnel, le manque de communication claire de l’administration de Donald Trump et les élans de solidarité qui se forment dans l’État.

Quels sont les principaux sujets d’inquiétude que les agents de la TSA partagent avec vous depuis le début du shutdown ?

La principale préoccupation concerne les salaires. Beaucoup de nos agents se demandent : « Est-ce qu’on va être payés ? » Certains ont été embauchés il y a trois ou quatre ans et n’ont jamais connu de « shutdown », donc ils ne savent pas vraiment à quoi s’attendre. Sous l’administration Biden, une loi avait été signée pour garantir la paie des employés essentiels, mais apparemment, elle n’est pas appliquée cette fois-ci. Personne ne peut nous indiquer pourquoi. Nous restons en contact permanent avec le siège national, avons des réunions hebdomadaires, mais il n’y a toujours aucune information. J’ai contacté des sénateurs et des membres du Congrès : tous affirment la même chose, ils ne savent pas combien de temps cela va durer.

Juan Casarez, président de la section locale de Phoenix de l’American Federation of Government Employees (AFGE)
Juan Casarez, président de la section locale de Phoenix de l’American Federation of Government Employees (AFGE) - J. Casarez

Au-delà des salaires, les employés s’interrogent-ils sur leur avenir au sein de l’agence ?

Pour l’instant, pas vraiment. Nous n’en sommes qu’au début – ce n’est que la deuxième semaine –, donc la plupart essaient de tenir et d’attendre. Je n’ai encore entendu personne annoncer son intention de partir, mais si le « shutdown » se prolonge, ces discussions vont probablement commencer. La frustration monte jour après jour, surtout chez ceux qui ont des factures à régler et une famille à nourrir.

Les agents de la TSA continuent-ils de travailler dans les aéroports d’Arizona et d’ailleurs ?

Oui, tout à fait. Les employés essentiels demeurent en poste aux points de contrôle de sécurité. Ils poursuivent leur travail, même s’ils ne sont pas rémunérés. Seuls les personnels non essentiels – comme les ressources humaines et les départements administratifs – ont été mis en congé forcé. En Arizona, les opérations se déroulent normalement. J’ai entendu parler de quelques petits incidents à Las Vegas et à Burbank, en Californie, mais ils concernaient les contrôleurs aériens, pas les agents de la TSA.

Quel type de soutien le syndicat peut-il offrir dans une telle situation ?

Nous faisons ce que nous pouvons. Nous rappelons sans cesse à nos membres de rester professionnels et de se présenter au travail s’ils ne sont pas malades. Parallèlement, nous essayons d’apporter un soutien concret. Nous distribuons des bons pour le déjeuner et sommes en train de nous organiser avec d’autres sections locales – notamment à Tucson et dans le comté de Pima (Phoenix) – pour fournir des cartes essence afin que les agents puissent se rendre au travail. Nous contactons également des associations locales susceptibles d’offrir de la nourriture ou d’autres formes d’aide. Ce n’est pas de la charité, c’est de la solidarité entre travailleurs et voisins qui savent ce que vivent ces agents.

Vous avez connu plusieurs « shutdowns » au cours de votre carrière. Comment celui-ci se compare-t-il aux précédents ?

Le plus difficile a été celui de 35 jours sous l’administration Trump en 2018. C’était brutal : des gens comptaient littéralement leurs pièces à la maison. Certaines banques proposaient des prêts à court terme et les communautés locales s’organisaient, mais c’était tout de même très difficile. Nous avons tenu bon, mais cela a laissé des séquelles. Aujourd’hui, on a l’impression de revivre la même situation : nous accomplissons un travail essentiel, nous garantissons la sécurité dans les aéroports, mais sans aucune garantie sur la date du prochain salaire. Tout le monde est dans l’incertitude, suspendu aux décisions de Washington.

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Voyez-vous des raisons d’être optimiste ?

Honnêtement, pas encore. Nous attendons toujours un signal clair du Congrès ou de l’administration. La seule chose positive est l’unité entre les employés de la TSA. Ils continuent de venir travailler, de s’acquitter de leur devoir, même sous pression. C’est quelque chose que le grand public ne perçoit pas toujours : le niveau de dévouement nécessaire pour maintenir les aéroports en fonctionnement en ces moments difficiles.