Shein : Une ex-ministre critique le lobbying « insistant » de Castaner
Véronique Louwagie révèle avoir reçu des sollicitations répétées de Christophe Castaner pour organiser une rencontre avec Donald Tang, qu’elle juge « quand même assez insistant ». Shein indique ne pas avoir encore vu l’enquête mais assure agir « en conformité avec les règles de la HATVP ».
À l’approche de la diffusion de « Complément d’enquête » sur France 2, l’ancienne ministre du Commerce Véronique Louwagie a déclaré avoir reçu des sollicitations répétées de Christophe Castaner alors qu’il conseillait Shein. Elle a affirmé qu’il l’a contactée « par SMS plusieurs fois » pour organiser une rencontre avec Donald Tang, le président exécutif du groupe, un comportement qu’elle juge « quand même assez insistant ». Selon elle, ces demandes faisaient partie d’une stratégie de Shein visant à « se dédiaboliser » auprès des responsables politiques, ce qu’elle dit avoir « toujours refusé ». Dans l’émission, Christophe Castaner a démenti toute tentative de ce type.
Shein, sollicité par l’AFP, a indiqué ne pas avoir encore vu l’enquête mais a assuré agir « en conformité avec les règles de la HATVP ». Le groupe a rappelé que les personnalités siégeant dans ses comités européens, dont Christophe Castaner entre décembre 2024 et juin 2025, ont un rôle «strictement consultatif» et « ne participent en aucun cas à des activités de lobbying ». Cette mise au point intervient alors que le sujet des relations politiques de la marque d’ultra fast fashion est déjà au cœur d’un vif débat public.
L’émission met également en lumière le témoignage d’un ancien cadre de Shein, qui décrit « l’exploitation de la main-d’œuvre » en Chine et une organisation structurée pour « diluer sa responsabilité » en se présentant comme simple « intermédiaire ». Il explique que lorsqu’un sous-traitant est soupçonné de « travail forcé », la marque ouvre « un audit » et « déréférence » le fournisseur, qui « change de nom et réexpédie le lendemain sous une autre identité ». Selon lui, Shein, qui s’appuie largement sur l’intelligence artificielle, « peut copier tout le catalogue » d’une marque concurrente.
Face à ces accusations, Shein affirme appliquer un code de conduite conforme aux conventions internationales. Le groupe met en avant une politique de « tolérance zéro entraînant la résiliation immédiate du contrat en cas de travail forcé, de travail des enfants ou de refus de se soumettre à un audit externe ». Ces éléments, désormais publiquement opposés, installent un climat de forte tension autour de l’enquête de France 2, qui s’annonce particulièrement scrutée par le secteur du textile et les autorités françaises.

