France

Shampoing, gel douche et dentifrice… Dans la salle de bains, la chasse aux emballages est ouverte

Et si vous vous passiez de votre tube de dentifrice, de votre bouteille de shampoing, de votre stick déodorant et de votre flacon de parfum ? Tout ça, sans sentir le moisi sous les bras ni infliger votre haleine chargée du matin à vos collègues de bureau. Avec le vrac, c’est possible et même plutôt facile, de nombreuses marques de cosmétiques et d’hygiène s’engouffrent depuis quelques années dans ce créneau plus écologique et souvent plus économique.

Selon une étude OpinionWay pour DIGI France publiée en décembre 2022, 1 Français sur 5 seulement achète sans emballage chaque semaine, pour des raisons de praticité, d’hygiène ou encore de prix. Et concernant plus spécifiquement le rayon hygiène-beauté, 31 % des personnes interrogées achètent au moins une fois par mois un produit en vrac. Un chiffre qui ne demande qu’à augmenter si l’on en croit un rapport de l’Observatoire du Rayon Vrac de septembre 2022 selon lequel 41 % des foyers aimeraient accéder à plus de produits de beauté sans emballage dans leurs magasins.

L’émergence des produits de beauté solides

Mais les consommateurs sont-ils de bonne foi ? Car se ravitailler en produits de beauté en vrac est désormais relativement accessible. Implantée depuis 2005 en France mais créée en 1995 en Angleterre, la marque Lush est « pionnière dans la cosmétique sans emballage » comme aime à le rappeler Claire Maurice, Directrice des ventes de la marque pour la France, la Belgique et le Luxembourg. « C’est elle qui est l’inventrice du shampoing solide ! ». Depuis trente ans la marque propose des savons à la coupe, shampooings et crèmes solides ou encore boules de bain sans emballages mais avec des étiquettes précisant la composition. « Et concernant les produits nécessitant des boîtes en plastique, ils sont consignés contre 40 centimes et les boîtes retransformées pour être réutilisée ».

D’autres enseignes françaises, à l’instar de Unbottled, lui ont emboîté le pas dans la confection de produits solides. Créée en 2020 à la sortie du Covid, la marque se développe d’abord sur Internet avec pour ambition de « libérer la salle de bains des 360 millions de bouteilles jetées chaque année en France » explique Sarah Pouchet, co-créatrice de la marque. Mais aussi dans l’idée de « proposer des produits solides adaptés aux peaux sensibles et atopiques donc sans savon ». Un créneau qui permet à l’enseigne de développer en parallèle son réseau de distribution en pharmacies où les produits sont vendus, comme sur l’e-shop, dans des boîtes en carton recyclé et recyclable. Dans les 6 boutiques de la marque en revanche, il est possible d’acheter tous les produits en vrac pour pousser plus loin l’argument écologique.

Mais pour convertir les Français au vrac, encore faut-il se rapprocher au plus près de leurs habitudes. Chez Coslys, « le vrac représente 20 % des ventes et les recharges sont disponibles dans 600 points de ventes en France, explique Perrine Meunier, Responsable Marketing et Communication de Comptoir des lys. On retrouve des grandes enseignes de la bio comme Biocoop, La Vie Claire mais aussi les magasins bio indépendants et enfin les épiceries vrac qui sont là où le consommateur trouvera le plus de choix en nombre de références ». Lancé en 2022, un autre produit plus étonnant intrigue les consommateurs poursuit Perrine Meunier, « Notre dentifrice rechargeable rencontre un franc succès en épicerie vrac. Sa texture permet aux consommateurs de le recharger dans un flacon pompe. De son côté, Lush propose des dentifrices en gel ou en version solide.

Des expérimentations en pharmacie et parfumerie

Et comment réagissent les enseignes traditionnelles de la beauté pour proposer davantage de produits en vrac ? Depuis janvier, sept groupes concurrents de dermocosmétiques (Pierre Fabre, Expanscience, La Rosée…) se sont associés pour mettre à disposition des clients de parapharmacies une machine « pharma-recharges » permettant de remplir ses pots avec les « best-sellers » de chaque marque. Cette initiative est encore en expérimentation dans 5 pharmacies mais montre que les concurrents sont capables d’unir leurs forces pour émerger dans ce secteur. Du côté des parfumeries, l’offre est plus timide. Sephora distribue les produits Unbottled dans ses magasins français et européens et a noué un partenariat avec les parfums Mugler (L’Oréal), tout comme Marionnaud, pour proposer des fontaines à parfums dans ses magasins. Sollicités par 20 Minutes, ni Sephora ni Marionnaud n’ont souhaité communiquer sur les résultats de ce dispositif.

Si la salle de bains est un territoire encore sous-exploré dans le domaine du vrac comparé à celui de la cuisine, c’est aussi pour des questions d’hygiène et de développement technique. « Certains produits, notamment les soins pour le corps à la texture trop épaisse, ne sont pas adaptés à la distribution en vrac. Sur cette typologie de produits, nous n’avons pas de demande des consommateurs. De plus, ce sont des produits où la répétition d’achat est plus faible qu’un gel douche ou un shampooing par exemple » précise Perrine Meunier de Comptoir des lys. En matière de répétition d’achat, il y a un produit d’hygiène qui, lui, nous fait revenir régulièrement en magasin : le papier-toilette. Et croyez-le ou pas, il est désormais disponible en version lavable…