Sexe : « Safeword », punitions et confidentialité… Il y a quoi dans un contrat BDSM ?
Cuir, menottes, cordes… Par l’imagerie qui l’entoure, le BDSM suscite rumeurs et fantasmes en tout genre. Pourtant, sous les fouets et la figure de la dominatrice, respect mutuel et consentement sont les mots-clés des relations BDSM. Bien au-delà du « safeword », un mot généralement employé pour exprimer ses limites, les relations entre une personne dominante et une personne soumise sont clairement codifiées.
Wann et Léa, couple expert pour JOYclub, une communauté qui propose « d’organiser sa sexualité de manière positive et consciente », ont ainsi rédigé un contrat BDSM pour encadrer leur relation. Une pratique courante dans ce milieu. Mais c’est quoi un contrat BDSM ? Qu’y trouve-t-on ? 20 Minutes vous dévoile les dessous de ces documents entourés de préjugés.
C’est quoi un contrat BDSM ?
Au premier coup d’œil, il s’agit d’un banal contrat, « semblable à un contrat de travail », remarque Léa. Sauf qu’il va encadrer leur vie de couple, du café du matin aux relations sexuelles en passant par leur dynamique en société. Pour leur couple, une relation dominant/soumise constante, il fait une douzaine de pages, paraphé, signé. « Il n’est pas établi au tout début de la relation, il faut d’abord prendre le temps de se connaître », clarifie le couple. Par ailleurs, sa rédaction est le fruit d’une longue discussion.
« En général, le dominant va faire une première rédaction, puis la soumise va relire, corriger, enlever ou rajouter certaines choses, et ça retourne au dominant », relate Wann. La négociation peut ainsi durer plusieurs semaines avant que le contrat ne soit signé par les deux parties. Et une fois signé, le texte n’est pas gravé dans le marbre. « On conseille de mettre une clause pour le revoir au moins une fois par an », indiqué Léa, pour prendre en compte l’évolution du couple. « C’est un document vivant », reprend Wann, qui doit s’adapter à l’ouverture du couple à d’autres partenaires ou d’autres pratiques par exemple.
Que contient ce contrat ?
Comme un contrat classique, le contrat BDSM s’ouvre avec les noms et prénoms des personnes concernées, ainsi que leur éventuel pseudo et le rôle dans la relation. Des personnes « de confiance » sont également identifiées « pour se confier sur la relation, être médiateurs en cas de problème » de chaque côté. Vient ensuite « un gros morceau » sur les engagements réciproques, la confidentialité de la relation et la fidélité, puis les droits et devoirs des deux partenaires. « Dans une relation de ce type, la personne soumise ne doit pas dire oui à tout », précise Wann.
D’une part, « le dominant est le gardien du bien-être de la personne soumise », et doit veiller à son épanouissement. Le sport ou la lecture rentrent ainsi dans la dynamique BDSM. « Si la personne soumise dit qu’elle souhaite faire plus de sport, c’est au dominant de forcer à prendre ce temps », explique-t-il. D’autre part, la personne soumise a aussi une partie qui lui est consacrée, dans laquelle les punitions sont discutées et détaillées. Des rituels pour ancrer la relation dans le quotidien sont également définis, sexualisés ou non, comme le fait d’apporter le café chaque matin ou une séance « d’entretien » à coups de martinet.
Ce n’est qu’ensuite que vient toute la partie consacrée à la sexualité et aux pratiques BDSM. C’est là qu’est défini le « safeword », mais aussi « les zones et le type de marques qu’on accepte », précise Léa. Les questions d’hygiène et d’apparence physique, comme l’épilation, sont également abordées dans cette partie. « Le fait de mettre un contrat permet de réfléchir avant de dire oui à une pratique », estime Wann. Un temps de réflexion est ainsi possible pour « exprimer son consentement clairement » et établir les pratiques aimées, interdites ou à tester. Cette « check-list » est par ailleurs suffisante pour une simple soirée BDSM, là où le contrat concerne « des relations sur la durée, même si l’on n’est pas forcément en couple ».
Quelle valeur donner à ce contrat ?
Tout comme les contrats que feraient signer les footballeurs à leurs partenaires sexuelles, récemment mis en lumière dans l’affaire Mbappé, ce document n’a pas de valeur juridique. Mais « l’idée n’est pas d’être dans une forme de contrainte mais de trouver une manière de faire fonctionner le couple », insistent Wann et Léa. La gestion des disputes ou de la séparation sont même évoquées.
Si la dimension « symbolique » du contrat, dans une relation de domination, est évoquée, les deux partenaires mettent l’accent sur « la sécurité et le consentement ». « Tout couple pourrait avoir son petit contrat et sa check-list, outil de communication qui peut servir », estime Wann, favorable à l’extension du concept y compris chez les couples dits « vanille », hors de la sphère BDSM. « Le fait de passer par l’écrit permet de communiquer plus facilement sur les désirs de chacun », et même d’évoquer vos fantasmes inavoués au détour d’une petite liste à cocher. Alors, on signe ?