Service militaire : Pourquoi il n’est pas près de faire son retour en France tout de suite (voire jamais)

C’est un très vieux serpent de mer. Depuis la suspension totale du service militaire obligatoire pour les civils, par une loi promulguée en 1997 par Jacques Chirac, chaque mandat présidentiel est marqué par cette rumeur qui revient presque comme une litanie : il pourrait être de retour.
Face aux appétences de Vladimir Poutine pour l’Europe, la problématique de la défense et de la souveraineté nationale a donc logiquement refait surface, ces dernières semaines. Et avec elle, celle de la formation militaire des citoyens français. Une question à laquelle le président de la République Emmanuel Macron s’est empressé de répondre. « Le modèle d’armée et les choix faits depuis sa suppression ne sont pas compatibles avec le retour du service national obligatoire sous sa forme historique », a-t-il déclaré dans une interview accordée à la presse quotidienne régionale, le 15 mars.
L’armée, une « école du citoyen et de la virilité »
Si la formation militaire donnée aux civils, en France, a, en l’espace de cinquante ans, pris plusieurs formes et noms – service national, service civique volontaire, service national universel – elle semble, surtout, avoir mis un point d’honneur à s’éloigner au maximum du caractère obligatoire de son ancêtre d’après-guerre. « Le service militaire à destination des civils était un pilier du modèle républicain. C’était une spécificité française. Mais après les années 1960, il est tombé en désuétude », analyse Annie Crépin, historienne spécialiste de l’histoire militaire.
Car, face à une vague de baby-boomers révoltés, l’armée française perd de sa superbe, son virilisme parfois outrancier étant de plus en plus pointé du doigt. « Jusqu’au début des années 1960, l’armée est perçue comme une école du citoyen et une école de la virilité telle qu’elle était conçue à cette époque-là », précise l’historienne. Dans les villages, on ne se marie pas avant d’avoir fait son service militaire, véritable étape, certes forcée, vers la vie d’adulte.
De l’obligation à la liberté de choix
Le modèle de l’armée « à l’ancienne » est pourtant, dès 1965, totalement revu au profit de formations plus « light », avec la loi Messmer. Pour, par la suite, préférer la voie du volontariat. « Ce sentiment d’appartenance à la Nation, qui était très présent chez les civils engagés dans l’armée pendant la IIIe et la IVe République, a fini par disparaître », explique Annie Crépin. D’un service national civique, la formation des jeunes citoyens français devient une simple journée « Défense et Citoyenneté ».
Mais à chaque crise son invocation. Si le retour d’un service militaire obligatoire « à l’ancienne » pourrait donc difficilement être rétabli en France, en 2025, l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 semble avoir ravivé de vieilles peurs. Dans notre dernière étude #MoiJeune avec OpinionWay, les 18-30 ans sondés sont 32 % à être favorables au retour du service militaire. Dans le sondage Ipsos-CESI Ecole d’ingénieurs paru le 15 mars, 53 % des Français se déclarent également pour un service militaire obligatoire. Emmanuel Macron souhaite, lui, revoir les modalités du service national universel. Sa marotte.
Une exception tout de même couvre tous ces débats : en cas de péril national, le service militaire pourrait être rétabli. Et c’est la loi qui le dit.
Raisons sociétales, financières, culturelles et techniques : le retour du service militaire en France semble, aujourd’hui, très peu probable. On vous explique pourquoi dans la vidéo placée tout en haut de cet article (rechargez la page pour relancer la vidéo depuis le début).