Seine-Saint-Denis : Un professeur suspendu pour ses liens avec « la mouvance islamiste radicale »
Un professeur et directeur d’une école élémentaire publique au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) a été suspendu par l’Education nationale le 20 janvier dernier après une décision de la justice administrative pointant son adhésion à « l’idéologie islamiste radicale ». L’information a été révélée par le média ToutEduc, suite à la décision de la cour administrative d’appel de Paris du 17 janvier, qui confirme le bien-fondé du contrôle administratif et de surveillance de l’enseignant.
Ce contrôle s’était opéré dans le contexte des Jeux olympiques, qui se sont déroulés du 26 juillet au 11 août 2024. Le professeur avait reçu le 24 juin l’interdiction de se déplacer en dehors du territoire de la commune du Blanc-Mesnil pour une durée de trois mois, et devait pointer chaque jour au commissariat. A l’époque, près de 700 mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (Micas) avaient été prononcées par le ministère de l’Intérieur en amont des JO, une inflation de mesures dénoncée par de nombreux défenseurs et défenseuses des libertés.
« Refus de contact physique avec les femmes »
Le professeur a contesté cette décision, mais il a été débouté une première fois par le tribunal administratif de Montreuil, le 2 août. Dans sa décision, le tribunal mettait en avant les arguments du ministère de l’Intérieur, selon lequel l’intéressé avait été « signalé en 2019 par plusieurs habitants de la commune et des parents d’élèves de l’école primaire pour son comportement prosélyte ». Le tribunal rapportait aussi que l’homme avait été auditionné par l’inspection de l’Education nationale la même année qui avait « constaté son refus de contact physique avec les femmes et qu’il présentait des signes physiques caractéristiques d’une pratique religieuse rigoriste ».
Le ministère de l’Intérieur mettait aussi en avant « le large relationnel au sein de la mouvance islamiste radicale » de ce professeur, sans que l’on puisse en savoir davantage sur ce réseau. Étaient seulement pointés ses liens avec la sœur d’un individu condamné pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et sa fréquentation de la mosquée At-Tawhid au Blanc-Mesnil, qualifiée de « radicale » par la décision de justice. Cette mosquée, qui avait été mise en cause en 2016 parce qu’elle était fréquentée par un membre du commando du Bataclan, ne fait pourtant à l’heure actuelle l’objet d’aucune fermeture administrative.
La Cour administrative d’appel de Paris a confirmé tous ces éléments. C’est sur la base de cette dernière décision que l’individu a été suspendu, nous informe le rectorat de Créteil, qui indique n’avoir « pas été tenu informé du jugement du tribunal administratif de Montreuil du 2 août » et précise que la mesure « relève d’une précaution au vu de l’appréciation portée par la cour ». « La suspension est prise à titre conservatoire. Elle ne préjuge pas de la suite qui y sera donnée », poursuit le rectorat. Les avocats du professeur, maîtres Yasmina Belmokhtar et François de Lastelle, n’ont pas souhaité s’exprimer sur ce cas.