Seine-Saint-Denis : Les malfaiteurs écoulaient des faux billets de 100 euros dans les grands magasins

Des meubles, du matériel sportif, de l’essence, des repas, des chaussures, des cartes cadeaux… Entre mai et juillet derniers, les malfaiteurs ont écumé les magasins et fast-food de la région parisienne et réglaient leurs achats à l’aide de faux billets de 100 euros.
Au terme de plusieurs mois d’investigations, les enquêteurs de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) ont interpellé quatre suspects, trois hommes et une femme. A l’issue de leur garde à vue, ils ont été déférés et devaient être jugés en comparution immédiate devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). L’audience, qui devait se tenir le 24 novembre, a été renvoyée au mois de janvier 2023. En attendant, ils ont été laissés libres malgré le fait qu’ils se trouvaient en état de grande récidive légale.
« Prop copy »
L’affaire démarre lorsque les enquêteurs de l’Office central de répression du faux monnayage (OCRFM) remarquent en juin que de plus en plus de faux billets de 100 euros circulent en région parisienne. « Les contrefaçons d’euros sont toutes référencées. Celle-ci était déjà connue, elle est assez ancienne et provient d’Italie, un pays où se trouvent beaucoup d’officines de production de fausse monnaie et qui inondent une bonne partie de l’Europe », nous explique la commissaire Yanette Bois, la cheffe de l’OCRFM. Les possesseurs de ces billets s’en servent alors dans les magasins But, JD sport, dans les stations-service Shell et même au McDonald’s.
Les enquêteurs épluchent méticuleusement les images captées par les caméras de surveillance. Ils finissent par identifier trois jeunes majeurs, originaires d’une cité d’Aulnay-sous-Bois, lesquels sont interpellés et placés en garde à vue. Devant les policiers, les suspects reconnaissent les faits. Lors des perquisitions, la somme de 3.255 euros en liquide est retrouvée. Mais aussi des faux billets de 50, 100 euros et des dollars, qui ont la particularité d’être utilisés pour le cinéma. Ils ressemblent aux vrais mais la mention « prop copy » est écrite dessus. En tout, les policiers retrouvent 500 liasses de 100 euros et 500 de 50 euros. Les suspects racontent se les être procurés sur Snapchat et assurent ne pas avoir eu l’intention de s’en servir.
Escroquerie au financement
Des explications qui laissent les policiers pantois, étant donné qu’ils ont déjà écoulé environ 13.000 euros en vrais faux billets, ceux fabriqués en Italie par des escrocs professionnels. « C’est assez inquiétant de constater à quel point n’importe qui peut se procurer facilement sur les réseaux sociaux des faux billets pour le tiers de leur valeur réelle, et ensuite les utiliser avec plus ou moins de difficulté », souligne la commissaire Bois.
Les vendeurs de ces imitations arnaquent parfois leurs clients, précise la policière, en postant des photos de vrais billets présentés comme étant des faux très réalistes. Mais les acquéreurs ne les voient jamais arriver, ou en reçoivent quelques-uns « de très mauvaise qualité, inutilisables ».
Par ailleurs, les suspects sont soupçonnés d’avoir mis en place « un système d’escroquerie au financement » en constituant des dossiers avec de fausses identités. Ils bénéficiaient pour cela de la complicité d’une employée d’un magasin But qui était en fin de contrat.