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Sécheresse : 22 millions de personnes menacées par la famine dans la grande Corne de l’Afrique

Au début de 2022,13 millions de personnes étaient touchées par la faim dans la Corne de l’Afrique. En ce début 2023 ce sont 22 millions de personnes qui sont menacées. Plus de 1,7 million de personnes ont quitté leurs foyers en quête d’eau et de nourriture, d’après un dernier rapport du Programme alimentaire mondial publié le 23 janvier.

L’ONU sonne l’alarme, près de 5,6 millions de personnes se trouvent d’ors est déjà en situation d’insécurité alimentaire aiguë en Somalie, 12 millions en Ethiopie et 4,3 millions au Kenya. La région qui vit généralement de l’élevage et de l’agriculture, a perdu ses récoltes et son bétail. Les cultures, ravagées par une invasion de criquets, ont été anéanties et les troupeaux, en manque d’eau et de pâturages, détruits. Plus de 9,5 millions de têtes de bétail sont mortes, d’après les estimations du Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (Ocha).

Une sécheresse d’une ampleur sans précédent

Durement touchées par le changement climatique, huit des treize saisons des pluies ont été inférieures à la normale dans la Corne de l’Afrique, selon les données du Centre d’étude des risques climatiques. Cinq saisons des pluies consécutives ont échoué depuis la fin de l’année 2020, en provoquant la sécheresse, jamais vue depuis quarante ans dans la région. Pour l’instant, la famine n’a pas été officiellement déclarée, car les seuils nécessaires pour la déclarer n’ont pas été atteints, grâce à une mobilisation financière à la fin de 2022.

En 2011, à cause de deux saisons des pluies insuffisantes consécutives dans la région de Somalie, la famine avait fait 260.000 morts dont la moitié d’enfants de moins de six ans.

La crise actuelle a été aggravée par la guerre en Ukraine qui a provoqué l’augmentation du prix des céréales ainsi que des carburants et capté de nombreux fonds d’aide humanitaire. Les organisations humanitaires alertent, la situation va empirer dans les prochains mois, puisque la sixième saison des pluies, de mars à mai, est également annoncée inférieure à la moyenne.

La Somalie au bord d’une catastrophe

La Somalie est considérée comme le pays le plus touché par la famine avec plus de 7,85 millions de personnes affectées par la sécheresse. Sans le renforcement de l’aide humanitaire, « une famine devrait se produire entre avril et juin 2023 dans le sud de la Somalie parmi les populations agropastorales des districts de Baidoa et Burhakaba, et parmi les populations déplacées dans la ville de Baidoa et à Mogadiscio », a annoncé Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (Ocha) au mois de décembre. Le nombre de personnes qui sont au dernier stade avant la famine, d’après la terminologie internationale, devrait augmenter de 214.000 à 727.000 d’ici mi-2023, indique Ocha.

Près de deux millions d’enfants à travers la Corne de l’Afrique « ont besoin d’un traitement urgent contre la malnutrition aiguë sévère, la forme la plus mortelle de la faim », selon l’Unicef. 730 enfants étaient morts entre janvier et juillet 2022 dans des centres de nutrition en Somalie, d’après les estimations de l’Unicef, un chiffre jugé assez minimisé.

Survivant dans des conditions inhumaines, en manque d’eau, de lait et de nourriture, les enfants sont épuisés. Leurs organismes sont devenus plus vulnérables aux maladies (rougeole, choléra) et leur croissance est perturbée. 2,7 millions d’enfants ont par ailleurs quitté l’école et 4 millions d’autres risquent d’abandonner leur scolarité, en accompagnant leurs familles ou en étant envoyés quotidiennement à la recherche de nourriture et d’eau.

Le directeur de l’ONG Save The Children pour l’Ethiopie, Xavier Joubert, constate : « Les besoins sont devenus énormes. Des fonds supplémentaires […] sont désespérément nécessaires. » Aujourd’hui, seuls 55,8 % des 5,9 milliards de dollars réclamés par l’ONU pour pallier cette crise en 2023 ont été financés. En 2017, une mobilisation humanitaire précoce avait permis d’éviter une famine en Somalie.