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« Santé en France : L’état d’urgence ? » : France 2 interpelle le gouvernement sur « la situation catastrophique »

Le système de santé en France est souvent décrit comme l’un des plus efficace au monde. Mais le fier coq pourrait bientôt mettre ces « cocoricos » en sourdine, d’autant qu’il n’a déjà plus beaucoup de voix. « Après la crise Covid qui a révélé le malaise de l’hôpital, rien n’est résolu », insiste Camille de Froment, rédactrice en chef de la soirée Santé en France : l’état d’urgence ?, auprès de 20 Minutes.

Avec ce documentaire, suivi d’un débat, le service public entend remettre l’essoufflement du système sanitaire français au centre des préoccupations. L’enjeu concerne à la fois la population et les professionnels du secteur.

Michel Cymes et Léa Salamé ont été choisis pour animer ce rendez-vous, deux mois après une initiative similaire sur l’écologie. « On est passé de la semi-urgence pendant des années à l’urgence vitale car la situation en France est catastrophique », alerte le médecin joint par 20 Minutes. Il évoque une situation « honteuse » pour la France car « c’est l’un des pays les plus riches du monde est dont la médecine est réputée ».

Système D

Le documentaire de 85 minutes fera l’état de la situation sanitaire du pays grâce à des séquences filmées au Mans, à Amiens, à Lille, à Nevers, à Chaudes-Aigues dans le Cantal, à Mantes-la-Jolie, à Montreuil ou encore à Clermont-Ferrand. Transports de médecins en avions, recours à des médecins étrangers… Autant d’exemples qui témoignent de la réalité mais surtout de l’urgence pour les autorités d’agir sur le front sanitaire.

« La qualité des médecins et du personnel soignant est exceptionnelle dans notre pays », rassure Michel Cymes. Pour autant, les effectifs manquent et donnent lieu à un contraste frappant. « On marche sur la tête, poursuit-il. S’il faut au minimum trois mois pour avoir un rendez-vous et pouvoir être soigné, ça ne sert pas à grand-chose. »

Déserts médicaux, essoufflement des soignants et soignantes, chute des vocations… La liste des obstacles qui s’imposent chaque année au système de santé ne cesse de s’allonger. Observatrices de ce délitement progressif, ce sont les équipes du Magazine de la santé de France 5 qui ont assuré la mise en image du mal-être généralisé du secteur. « Souvent c’est le système D qui prend le relais. Il y a plein de bonnes solutions mais pour l’instant les solutions viennent du bas, pas du haut », constate Camille de Froment.

Les conséquences d’une « politique débile »

Michel Cymes assurera le regard scientifique aux côtés de l’expertise politique de Léa Salamé. Il estime que la situation est due à « la politique débile de numerus clausus et de limitation de médecins appliquées pendant des années ». En colère, il estime que la France paye aujourd’hui l’ensemble des politiques mises en place au début des années 1980.

« Les autorités n’ont pas été capables d’anticiper l’augmentation et le vieillissement de la population. Mais les hôpitaux ne sont pas des ballons de baudruche dans lesquels on peut souffler quand la population augmente », alerte Michel Cymes. Pour mettre les autorités face à leurs responsabilités, le documentaire sera suivi d’un débat de 70 minutes en présence du ministre de la Santé, François Braun. « J’ai des choses à lui dire, prévient le médecin ORL. « C’est tout de suite qu’il faut agir, ce n’est pas à la prochaine élection présidentielle ou au prochain ministre de la Santé. C’est pour ça qu’on parle d’urgence. »

Camille de Froment confirme que la situation n’a jamais été si alarmante. « Aujourd’hui, il y a des gens qui meurent aux urgences car ils n’ont pas été bien pris en charge, parce qu’ils ont attendu des heures, parce qu’on les a oubliés derrière un paravent… C’est une réalité. »

« Il faut se bouger pour que ça aille mieux »

Reléguée au second plan après la crise du Covid-19 ; la santé reste l’une des préoccupations majeures des Français et Françaises. Et France Télévisions veut le prouver avec cette soirée thématique.

« On peut dresser un état des lieux, s’autoflageller pendant longtemps, maintenant il faut se dire OK, on n’a pas été assez prévoyants, on n’a pas assez anticipé, maintenant il faut se bouger pour que ça aille mieux », conclut Michel Cymes. Reste à savoir si le programme garantira aux soignants un pansement suffisamment efficace pour un avenir meilleur.