Salon de l’Agriculture : Laurent Wauquiez, un candidat en campagne pour la présidence LR (mais ne le dites à personne)
Au Salon de l’Agriculture,
N’allez surtout pas croire qu’il s’agit là d’un homme en campagne. Laurent Wauquiez a passé toute la journée au Salon de l’Agriculture, ce mercredi, porte de Versailles, à Paris. Mais l’ancien patron de la droite a fait savoir samedi dernier qu’il « suspendait » sa campagne pour la présidence des Républicains après l’attaque au couteau de Mulhouse. « Dans de telles circonstances exceptionnelles, il n’y a pas de place pour la compétition politique », disait-il sur X. Alors que son équipe annonçait sa venue auprès des agriculteurs, on pensait l’affaire relancée. Que nenni : « Laurent Wauquiez y sera dans le cadre de ses fonctions à la région Auvergne-Rhônes-Alpes dans la matinée et comme député dans l’après-midi », répliquait son entourage.
Nouvelles attaques contre l’OFB
C’est donc le « conseiller spécial » de la région qu’on retrouve, ce mercredi matin, dans les allées du Salon. « Je ne peux pas partir sans en prendre un bout », s’amuse Laurent Wauquiez en piquant dans une assiette de Beaufort. L’ancien maire du Puy-en-Velay disserte ensuite sur l’utilisation des acariens dans l’artisou, un fromage emblématique de son ancien fief. Il multiplie les tapes au cul des vaches, réveillées pour l’occasion, en montrant qu’il en connaît un rayon. « Il y a une grande hypocrisie des politiques qui viennent se montrer ici, et après le Salon, y’a plus personne. A droite, on a fait un travail de fond sur le sujet depuis longtemps pour simplifier les normes ». Auprès des agriculteurs, l’élu de Haute-Loire est à l’aise. Peut-être même un peu trop. Chaleureusement salué par l’élu en costume, un groupe d’agriculteurs s’interroge : « c’est quoi son nom, déjà ? »
Après une déambulation au stand de la région Auvergne-Rhône-Alpes (et quelques morceaux de Fourme d’Ambert engloutis), le député du coin organise un point presse. L’occasion d’attaquer à nouveau l’Office français de la biodiversité, devenue la bête noire des exploitants. « Ça suffit !, lance le patron du groupe LR à l’Assemblée nationale. Un moment, il faut dire stop à cet organisme militant » qui « harcèle nos agriculteurs » et les traite « comme des dealers de drogue ». Laurent Wauquiez glisse un mot pour la ministre de l’Ecologie, qui l’avait qualifié de « shérif anti-OFB » : « Cela ferait du bien à certains de nos ministres d’aller plus sur le terrain. Je propose à Mme Pannier-Runacher de faire ça, d’écouter la détresse de nos agriculteurs », dit-il, en louant au passage l’action de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, membre de LR.
« Laurent Wauquiez n’est pas si méchant… »
Laurent Wauquiez n’est là que pour parler agriculture. Il esquive donc toute autre question, notamment sur la campagne LR et son duel avec Bruno Retailleau. Logique puisqu’on vous le rappelle : le candidat a « suspendu » sa campagne. « C’était plus équitable, car le ministre de l’Intérieur était concentré sur l’attaque de Mulhouse. Vous voyez, Laurent Wauquiez n’est pas si méchant que ça… », s’amuse une proche. L’intéressé n’a pourtant pas manqué d’égratigner sur X mardi le ministre de l’Economie, lequel envisageait de faire contribuer les retraités pour réduire les déficits. Dans les travées du Salon, il s’est aussi permis de critiquer la décision de l’Arcom sur l’arrêt de C8 : « On ne m’empêchera pas de penser que derrière ça, évidemment, il y a un arrière-plan idéologique. Et qu’au fond, ce que dit C8 ne correspondrait pas à ce qu’il faudrait dire ». Des déclarations qui ne peuvent que plaire aux militants de droite…
Car l’animal politique n’est jamais très loin, et l’élu de Haute-Loire se permet de rappeler qu’il « a une parole libre », car sa position hors du gouvernement lui permet « de s’exprimer plus fortement ». « Bruno Retailleau est dans une solidarité gouvernementale, Laurent a une solidarité avec les adhérents LR », appuie son entourage. L’ex-sénateur de Vendée organise ce jeudi soir un grand meeting à Lille devant les militants LR. Cette fois, ça y est, la campagne est donc bien repartie ? « On vous le dira en temps voulu », sourit Laurent Wauquiez, avant de poursuivre sa visite de non-campagne.
