France

Salon de l’agriculture : Après la colère de l’an dernier, une édition 2025 apaisée et une fréquentation en hausse

Des grilles forcées, des policiers visés par des projectiles… Le Salon de l’agriculture 2024 avait été tendu, notamment lors de la visite d’Emmanuel Macron. Un an plus tard, cette 61e édition a été bien plus apaisée.

607.503 visiteurs ont parcouru les allées de la plus grande ferme de France, installée pendant neuf jours au Parc des Expositions de la porte de Versailles à Paris, ont indiqué les organisateurs de l’événement ce dimanche. La fréquentation est en légère hausse (+0,64 %) par rapport aux 603.652 visiteurs de l’édition précédente. Les organisateurs ont également salué le « retour de la sérénité » après les heurts de 2024.

Après les huées et les violences qui avaient entouré la venue d’Emmanuel Macron en 2024, en pleine mobilisation des agriculteurs pour demander un « revenu décent » et de la « considération », la déambulation présidentielle a retrouvé ses allures de marathon.

Samedi dernier, il a arpenté douze heures durant les allées, sacrifiant au passage obligé devant le box de Oupette, la vache Limousine égérie du salon. Emmanuel Macron s’est posé en défenseur des agriculteurs, qui ne peuvent, a-t-il dit, être « la variable d’ajustement » du pouvoir d’achat ou d’accords commerciaux, comme celui récemment passé entre l’Union européenne et des pays du Mercosur.

Face à des syndicats inquiets, le président s’est engagé à tout faire « pour protéger cette souveraineté alimentaire française et européenne » dans un monde instable où Pékin, Trump ou Poutine peuvent faire trembler les secteurs des vins, cognacs, fromages ou blés français.

« On est frappés, on va devoir réagir », déclarait quelques jours plus tard le commissaire européen à l’Agriculture Christopher Hansen en visite au Salon, après la menace américaine d’imposer des droits de douane de 25 % à l’Europe.

Des protestations quand même

Après le président Macron, c’est aussi une vision de la souveraineté alimentaire conçue comme un « réarmement » qu’a défendue la ministre de l’Agriculture Annie Genevard : « La France doit produire plus pour manger mieux […], produire plus pour rester une puissance exportatrice ».

Cette vision a largement satisfait le premier syndicat agricole FNSEA, comme son rival de la Coordination rurale, qui n’ont de cesse de plaider pour moins de contraintes et de normes, et plus de « moyens de production » – notamment des pesticides et de l’eau.

Au contraire, la Confédération paysanne, le troisième syndicat agricole qui défend une « réelle transition agroécologique », s’est dite « extrêmement choquée ». La position du gouvernement constitue, selon elle, un « recul majeur » sur les questions environnementales « sans pour autant garantir des prix minimums » aux agriculteurs.

En signe de protestation contre la possible réintroduction en France d’un insecticide néonicotinoïde, toxique pour les pollinisateurs, des militants de la Confédération ont déversé vendredi des sacs d’abeilles mortes sur le stand de Phyteis, lobby de l’industrie des pesticides.

Un « climat très positif », selon Bayrou

Soucieux de tourner la page de la colère agricole, l’exécutif a mis en avant les engagements « honorés » depuis un an, avec notamment « 500 millions d’euros d’allégement de charges fiscales », et la toute récente adoption de la loi d’orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession.

Si « tous les problèmes ne sont pas résolus », le Premier ministre François Bayrou a salué un « climat très positif ». Comme toujours, élus et responsables politiques se sont succédé dans les allées. Le communiste Fabien Roussel a mangé une tête de veau au petit-déjeuner ; l’écologiste Marine Tondelier a posé avec un agneau sur les genoux ; l’eurodéputé d’extrême droite et président du Rassemblement national Jordan Bardella a multiplié les selfies.

Le salon a aussi permis de renouer un « dialogue » entre l’Office français de la biodiversité (OFB) et la Coordination rurale (CR), qui avait auparavant appelé à la suppression de cette police de l’environnement.

Tout sur le Salon de l’agriculture

Mercredi, plateau inédit : cinq patrons de la grande distribution, mais sans le leader du secteur E.Leclerc, ont présenté des « engagements » destinés à aider les agriculteurs sous l’impulsion de l’animatrice Karine Le Marchand. Cette initiative a laissé sceptique le secteur agro-industriel, qui a ironisé ou dénoncé un « coup de communication », alors que parallèlement, le gouvernement regrettait « une tension extrême » dans la dernière ligne droite des négociations commerciales entre la grande distribution et ses fournisseurs.