France

Salon de l’agriculture 2025 : « Si on disparaît, ça ne changera rien »… Dans les pas des agents de l’OFB

«Quand les inspecteurs de la biodiversité viennent inspecter les fossés ou les points d’eau avec une arme à la ceinture, dans une ferme déjà mise à cran par la crise, c’est une humiliation et c’est donc une faute. » Ça, c’était le 14 janvier dernier, lors du discours de politique générale de François Bayrou. Depuis, les attaques fusent de toute part, et un vent de colère souffle chez les agents de l’Office français de la biodiversité.

Car, alors que le Salon de l’agriculture 2025 ouvre tout juste ses portes, aucun stand de l’OFB, pourtant rattaché aux ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique, ne sera présent, et ce pour la deuxième année consécutive. Pour éviter « de mettre de l’huile sur le feu », dixit ses inspecteurs.

Accusés de faire peur aux agriculteurs

Émanant de la fusion de l’Agence française pour la biodiversité, et de l’Office français de la chasse et de la faune sauvage, l’OFB est, depuis un peu plus d’un an, l’objet de vives critiques et la cible, parfois, d’actes de malveillance. Accusés de faire peur aux agriculteurs, ses inspecteurs seraient, selon certains, intransigeants avec le monde paysan, voire même menaçants.

Dans une joute verbale avec le journaliste Hugo Clément, le député LR, Laurent Wauquiez, n’avait d’ailleurs pas hésité à reconnaître ne pas vouloir défendre les agents de l’OFB, et militer pour sa disparition pure et simple.

« Dans certains départements, c’est un peu tendu »

Alors, à 20 Minutes, on a laissé Laurent Wauquiez et Hugo Clément s’occuper des agriculteurs, et on a pris la route pour rejoindre Fontenay-sur-Eure, située à quelques kilomètres de Chartres, dans l’Eure-et-Loir. C’est dans cette commune de moins de 2.000 habitants que l’agence départementale de l’OFB a pris ses quartiers dans de tout nouveaux locaux, tout beaux, il y a quelques mois seulement.

Alexandre Bertheau est Inspecteur de l'environnement à l'OFB en Eure-et-Loir depuis sa création, après 22 ans passée au sein de la police nationale. Ici en Eure-et-Loir le 7 février 2025.
Alexandre Bertheau est Inspecteur de l’environnement à l’OFB en Eure-et-Loir depuis sa création, après 22 ans passée au sein de la police nationale. Ici en Eure-et-Loir le 7 février 2025. - Emilie Petit / 20 Minutes

« Si on disparaît, ça ne changera rien au quotidien des agriculteurs », lance un peu circonspect, Alexandre Bertheau, face aux événements de ces dernières semaines. Inspecteur de l’environnement en Eure-et-Loir depuis la création de l’OFB, après vingt-deux années passées au sein de la police nationale, ce cinquantenaire avoue ne pas comprendre les tensions entre ses confrères et les agriculteurs, évoquées par les politiques et dans les médias. « Certes, dans certains départements, c’est un peu tendu. Mais en Eure-et-Loir, les relations sont très bonnes », assure-t-il.

Des inspecteurs assermentés

Preuve en est, les débordements d’épandage qu’Alexandre Bertheau et son coéquipier, Arnaud Beaufils, constatent régulièrement mais ne verbalisent que rarement. « On sait faire preuve de discernement. Bien souvent, l’agriculteur n’a pas fait exprès. Il suffit parfois d’un mauvais coup de vent, relativise Alexandre. En revanche, quand on constate une volonté d’enfreindre la loi, là, on est obligés d’intervenir. » Car, assermentés, les inspecteurs de l’environnement sont assimilés à des officiers de police et doivent, comme eux, s’assurer que la loi est bien respectée.

Alexandre Bertheau et Arnaud Beaufils, lors d'une pause déjeuner sur le pouce, en Eure-et-Loir, le 7 février 2025.
Alexandre Bertheau et Arnaud Beaufils, lors d’une pause déjeuner sur le pouce, en Eure-et-Loir, le 7 février 2025.  - Emilie Petit / 20 Minutes

La liste des missions des agents de l’OFB est longue. Très, très longue. Transmission des procédures judiciaires au tribunal, missions de police administrative, inventaires de l’animalier et du végétal, respect des normes de sécurité à la chasse… Dans tout ce marasme, les échanges avec les agriculteurs ne représentent, finalement, qu’une infime partie de leur travail au quotidien.

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Si une trame, établie en début d’année par rapport à la stratégie nationale de contrôle (SNCPEN) et aux enjeux du territoire, les oblige à effectuer chacune de ces missions un minimum de temps, les inspecteurs de l’environnement privilégient surtout des sorties de surveillance dans des zones à enjeux. Ou bien des aires protégées ou qui seraient un maillon essentiel de la biodiversité locale.

Nous avons suivi les deux inspecteurs de l’environnement, Alexandre Bertheau et Arnaud Beaufils, pendant toute une journée. Notre reportage vidéo est à retrouver tout en haut de cet article (rechargez la page pour le regarder depuis le début).