France

Salon de l’Agriculture 2025 : L’histoire des autres animaux qui voulaient être mascottes à la place de la vache

Il était une fois, dans la paisible ferme des animaux, une vache superstar. Cette année, c’est encore elle qui sera l’égérie du Salon de l’Agriculture, pour la quatorzième fois d’affilée. De quoi faire des envieux. Cochon, poule, cheval, oie, âne… Les autres animaux veulent eux aussi monter connaître le succès. Chacun se dispute donc la place tant convoitée, mais personne n’arrive à se départager.

Maline, la vache met en place un stratagème : « Nous inviterons un comité d’experts pour choisir qui ira au Salon à ma place. Un trio devant lequel chacun pourra plaider sa cause, et qui décidera qui doit être la nouvelle mascotte ».

Trois fermiers-experts (du marketing) sont donc appelés :

  • Pierre-Louis Desprez, expert au cabinet Kaos en imaginaire de marque.
  • Sandrine Doppler, spécialiste du marketing alimentaire.
  • Moïra Cristescu, experte mode et créatrice de la marque éco-responsable éponyme.

L’orgueil du cochon

Pour commencer, la vache amena les trois « fermiers » à la porcherie, où les attendait l’orgueilleux cochon : « A force de mettre mon groin dans le cœur des Français, j’ai ma petite célébrité. Vous connaissez Rilette ? C’est une cousine éloignée. C’est dire comme je suis populaire. » Sandrine Doppler confirma la bonne réputation de l’animal : « Saucisson, jambon cru ou cuit… c’est la star de la charcuterie, un bel exemple du terroir. Aussi connu pour son intelligence remarquable. Jadis raillé, le cochon est devenu populaire. »

Moïra Cristescu lança aussi de jolis mots : « C’est une star des contes pour enfants avec sa queue en tire-bouchon, son rose pétillant et son groin bien rond. » Et Pierre-Louis Desprez continua les éloges : « Tout est bon dans le cochon ! A l’heure de l’écologie et de la sobriété, que dire d’un animal où tout peut se recycler ? »

Sur ce, le trio de « fermiers » s’en alla vers l’étable, laissant le cochon en plein doute. « Etre vanté parce que tout se mange et que je suis gras ? Voilà bien peu d’honneur… »

Les efforts de l’âne

Les « fermiers » arrivèrent à leur prochaine destination, où les attendait l’âne épuisé. « Voyez mon dos courbé, mon sens du labeur, comme je travaille sans compter les heures… N’ai-je pas mérité d’être récompensé ? »

Sandrine Doppler glissa en premier des mots doux aux longues oreilles de l’animal : « Il est fort et incarne le solide sens paysan. L’âne représente la campagne, fière et pleine de robustesse. Mais il séduit aussi les plus grands : Cléopâtre se lavait bien au lait d’ânesse. » Pierre-Louis Desprez continua : « Il pourrait être l’icône de cette France qui ne cesse de répéter qu’il va falloir suer plus. Déficit, âge de départ, budget… Notre mascotte est toute trouvée »

Puis le petit comité parti à l’écurie, laissant l’âne s’interroger. « Suer, suer, suer… Est ce vraiment cela que je veux représenter ? »

La noblesse du cheval

A peine les trois compagnons arrivés devant lui, le cheval lança sa plaidoirie : « Je suis la plus belle conquête de l’homme, c’est sur mon dos qu’il a parcouru le monde » Pierre-Louis Desprez acquiesça : « Le cheval est le plus beau des représentants, au point de recevoir des médailles d’or aux Jeux olympiques. Il est partout. » « C’est l’animal préféré des humains, celui qui gagne le plus de tendresse », poursuivit Sandrine Doppler. « Et cette crinière, quelle splendeur ! », s’exclama Moïra Cristescu.

Le cheval ne se sentit alors plus de joie, avant que Pierre-Louis Desprez ne douche ses rêves de gloire : « Au Salon, tout se mange… sauf lui. Une mascotte, c’est aussi de la consommation ». Le cheval pensa alors : « Finir en steak haché ? Vivons bien, vivons caché ».

Le raffinement de l’oie

De toute la basse-cour, c’était elle la plus convoitée. « Ne dit-on pas belle comme une oie ? », demanda cette dernière aux trois « fermiers » qui venaient d’arriver. Sandrine Doppler ouvrit son appétit : « C’est le luxe gastronomique. Magret d’oie ou foie gras, cela incarne le raffinement. » Puis Pierre-Louis Desprez flatta une figure républicaine, rappelant l’épisode du Capitole. Selon la légende, des oies auraient sauvé les Romains des envahisseurs, les réveillant dans la nuit avec leurs cris. « La République en étant colérique et bruyant… Comment le Français pourrait ne pas s’y retrouver ? »

L’oie, qui se voulait élégante, réfléchit à cette nouvelle image qu’elle n’avait pas imaginé.

La simplicité de la poule

Notre trio de « fermiers » finit sa quête par le poulailler. Sandrine Doppler commença les compliments auprès de la poule : « Techniquement, c’est l’animal le plus présent. Quel Français n’a pas d’œufs chez lui ? Et le coq est notre emblème ». Moïra Cristescu remarqua « cette crête toujours lookée, qui change des autres animaux plus austères ». Mais Pierre-Louis Desprez se montra plus hésitant : « Oui, c’est très beau, une poule, mais… » Mais ? « Mais c’est bête comme ses pieds, voilà pourquoi ça ne peut être la reine du Salon. » A ses mots, la poule ne broncha pas.

Puis le trio tourna les talons, laissant les animaux en pleine confusion. Le cochon, l’âne, le cheval, l’oie et la poule allèrent alors voir la vache pour reconnaître leurs torts : « Sois notre mascotte, représente-nous !, lui demandèrent-ils. Nous préférons notre tranquillité à ta célébrité. » Et la vache reprit sa place sur le tapis rouge, non sans fierté. Jusqu’à la prochaine année.