Saint-Valentin : C’est quoi le « dry dating », cette tendance qui séduit les célibataires ?
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Souvenez-vous de votre premier date, où avez-vous donné rendez-vous à l’homme ou la femme que vous souhaitiez rencontrer ? Au bar sûrement, autour d’un verre. Une pratique banalisée par les anciennes générations mais que les 18-35 ans délaissent de plus en plus. Près de 30 %* des célibataires français de cette tranche d’âge envisagent de se passer d’alcool lors de leurs rencontres amoureuses, selon une étude récente de Bumble.
La culture plutôt que l’ivresse
On connaissait déjà le « dry january » qui consiste à ne plus boire d’alcool pendant le mois de janvier, nous voici avec le « dry dating ». Les jeunes souhaitent donc s’éloigner des boissons alcoolisées pendant leurs rendez-vous galants. Cindy, inscrite sur l’appli de rencontre est une adepte de ses dates sobres et pour elle, ne pas se forcer à boire cela enlève de la charge mentale : « Réduire ma consommation d’alcool a quelque peu changé ma manière de dater, dans le sens où je préviens en amont que je ne vais pas boire d’alcool. Il y a souvent une pression sociale à boire ou à se justifier, comme si ne pas consommer devait être expliqué. Maintenant, je me pose simplement la question : « est-ce que j’ai vraiment envie d’un verre, ou est-ce un automatisme ? » Voir un profil Bumble où la personne indique qu’elle ne boit pas (ou rarement) m’aide également à éliminer la pression sociale. »
L’application Happn va même plus loin et affirme que les jeunes se tournent de plus en plus vers la culture et les espaces publics pour se rencontrer : « Chaque année nous établissons un classement des types de lieux les plus populaires. Depuis deux ans, les bars se classent seulement en troisième position, derrière les lieux culturels et les espaces en plein air. » Une tendance que confirme Aurore Malet-Karas, docteur en neurosciences et sexologue : « J’ai pu observer que les jeunes vont plutôt aller boire un café et ensuite partir faire une activité culturelle, manuelle ou même du sport. »
Génération sobre
Les liens des Français avec l’alcool ont évolué, explique Aurore Malet-Karas, « la jeune génération refuse l’outrancière opulence des générations de leurs parents. De plus en plus de personnes veulent redéfinir un nouveau rapport au monde, plus sain, plus libre des injonctions sociales. » Selon l’enquête ENCLASS, 24 % des élèves de terminale (donc 17-18 ans) buvaient régulièrement en 2018, contre 8 % en 2022. Un chiffre en baisse plutôt encourageant sachant que le cerveau devient mature vers 25 ans et peut donc souffrir à cause de l’alcool.
« « Les raisons de la baisse de la consommation d’alcool chez les jeunes sont multiples, allant de convictions individuelles, de choix religieux à des préoccupations liées à la sécurité. Le regard des jeunes sur l’alcool change, ils le considèrent plus comme une drogue à la différence des générations précédentes et sont plus conscients des risques de conduites à risque sont les violences agies et subies et les rapports sexuels non protégés. La nouvelle génération semble de plus en plus réticente à l’idée de perdre le contrôle d’elle-même. » »
Ne pas boire pour se protéger
Il ne faut pas négliger l’impact de l’insécurité sur cette tendance. Les femmes sont de plus en plus réticentes à l’idée de boire de l’alcool avec un inconnu et se forcent donc à modifier leurs habitudes pour se protéger. Selon Bumble, 41 %* des Françaises déclarent ne pas boire d’alcool lors d’un rendez-vous galant pour garder le contrôle et éviter de regretter certains actes le lendemain, un choix assumé par 32 %* d’entre elles.
Des chiffres qui ne surprennent pas Juliette Hazart. « Une des raisons de la baisse de la consommation d’alcool chez les femmes concerne en effet des préoccupations liées à la sécurité. Un aspect particulièrement notable concerne les jeunes femmes qui adoptent cette attitude par mesure de précaution, cherchant à se prémunir contre d’éventuelles violences sexuelles. Cette prudence accrue s’explique par plusieurs facteurs : dans environ la moitié des féminicides, l’alcool est impliqué, et les femmes subissent une double vulnérabilité physiologique et sociale. Sur le plan biologique, leur sensibilité à l’alcool est plus élevée que celle des hommes conduisant à une ivresse plus rapide et abaissant leur capacité de vigilance et de défense. »
Cette tendance ne s’inscrit donc pas tellement dans la recherche de relations plus authentiques, mais surtout dans une volonté de garder le contrôle comme l’explique Aurore Malet-Karas, « en ne buvant pas on va éviter de louper un red flag. Le « dry dating » s’inscrit toujours dans une recherche de contrôle. »
* Étude menée en ligne par Research Without Barriers entre le 31 décembre 2024 et le 6 janvier 2025 auprès d’un échantillon de 1.002 célibataires français de 18 ans et plus