France

Ryanair : « On a été mis en repos permanent »… La compagnie a quitté Bordeaux en laissant 14 salariés au sol

Présentée de manière un peu sommaire, la situation pourrait ne pas paraître si dramatique que cela. Payés à ne rien faire, pensez donc ! « Oui, on pourrait croire que ce sont des vacances… Pendant un mois peut-être, mais la situation est surtout très anxiogène pour les gens qui veulent tourner la page Ryanair, sans compter qu’il va aussi y avoir une perte conséquente de salaire », explique Damien Mourgues.

Le steward et délégué syndical SNPNC-FO (Syndicat national du personnel navigant commercial), fait partie des quatorze salariés, pilotes et personnel navigant, de Ryanair à Bordeaux, restés sur le carreau depuis le départ de la compagnie low-cost de l’aéroport, le 27 octobre dernier. « La compagnie refuse de nous licencier, nous ne voulons pas démissionner, et nous restons ainsi sans activité, dans une sorte de purgatoire, en attendant de savoir ce que nous allons devenir », raconte Damien Mourgues, qui estime que Ryanair « laisse pourrir la situation. »

« La compagnie ne nous a pas écoutés »

Le 14 mai dernier, la compagnie Ryanair avait annoncé qu’elle fermerait sa base aérienne de Bordeaux en novembre après « l’échec des négociations avec l’aéroport de Bordeaux sur l’extension des services low-cost de Ryanair ». Les trois avions basés sur le tarmac de Mérignac, et la centaine d’emplois qui allait avec, devaient ainsi être répartis « dans des bases moins coûteuses situées ailleurs dans le vaste réseau » du groupe.

« Le Comité social et économique (CSE) de Malta Air [filiale qui fournit du personnel navigant et des pilotes à Ryanair] a été informé de ce projet pouvant avoir des conséquences sur l’emploi, ce à quoi nous avons répondu qu’il faudrait dès lors prévoir un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) », explique le délégué syndical. « La compagnie ne nous a pas écoutés, et a demandé aux salariés d’établir leurs préférences concernant une base alternative, ce que la plupart ont fait, puis elle leur a proposé des transferts », poursuit-il. Seulement, parmi eux, quatorze salariés ont refusé cette proposition de transfert, notamment parce qu’ils sont désormais établis à Bordeaux, avec famille.

Vers un licenciement collectif ?

Le CSE a assigné Malta Air devant le juge des référés du tribunal de Bordeaux en lui reprochant un défaut d’information et l’absence de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Dans une ordonnance rendue le 4 novembre, le juge a estimé que « dès lors que plus de 10 salariés » avaient refusé la proposition de transfert qui leur était faite, Malta Air se devait de convoquer le CSE en vue d’une procédure de licenciement collectif. L’Inspection du Travail avait enjoint à la compagnie, fin août, de se conformer à ces obligations mais cette demande écrite est restée « sans effet », indique le juge qui condamne cette fois Malta Air à le faire.

« Mais depuis il ne se passe toujours rien, la compagnie nous a mis en repos permanent, déplore Damien Mourgues. Et si nos salaires sont bien versés, il faut bien comprendre que notre rémunération est désormais amputée de toute la partie variable, constituée par les primes de vol. Cela représente un important manque à gagner. » Contacté par 20 Minutes, Ryanair ne nous avait toujours pas répondu lundi après-midi.