Rugby : « C’était une agression »… Le procès du joueur ayant rendu Mathias Dantin tétraplégique s’ouvre à Tarbes
«Deux ans après, il ne m’a toujours pas demandé pardon. Désormais, mon objectif n’est plus de pardonner. » Devenu tétraplégique depuis un match de rugby disputé en décembre 2022 dans le cadre scolaire, Mathias Dantin (18 ans) pourrait se retrouver pour la première fois, ce mardi (13h30) au tribunal de Tarbes, face au joueur qui l’a si gravement blessé. Dans la convocation au procès, la justice évoque un « plaquage cathédrale à retardement ».
Une qualification que rejette totalement la victime, dans un poignant reportage publié par L’Equipe : « Pour moi, ce qu’il a fait, ça ne peut pas être qualifié de plaquage, ni même de plaquage cathédrale, c’est une agression. Il y avait volonté de nuire, de faire mal. Il m’a pris par-derrière, sans ballon, m’a porté sur trois ou quatre mètres et m’a enfoncé dans le sol, tête en bas ».
La famille Dantin n’a touché que 20.000 euros jusque-là
Les conséquences avaient alors été terribles pour Mathias Dantin : deux cervicales luxées et fracturées, deux artères touchées, la moelle épinière compressée, après avoir été placé pendant deux semaines en réanimation. Poursuivi pour « violence ayant entraîné une infirmité permanente », après la plainte contre X déposée par la famille Dantin en mai 2023, le lycéen à Toulouse (19 ans) auteur du « plaquage » fatal a jusque-là choisi de garder le silence, tout comme son avocat.
Rien n’indique que ce joueur amateur au Rugby Club Quint-Fonsegrives (Haute-Garonne) sera présent dans la salle d’audience ce mardi. L’enjeu principal, pour la famille de la victime, sera d’obtenir gain de cause sur le plan financier, puisqu’elle n’a jusque-là touché que 20.000 euros, la licence de Mathias auprès de la Fédération française de rugby (FFR) n’ayant pas permis d’obtenir l’assurance GMF (afin de toucher 4,5 M€ pour pareil handicap) dans le cadre d’un match sous l’égide de l’Union nationale du sport scolaire (UNSS).
Mathias veut « alerter sur la situation des handicapés »
Il a donc notamment fallu que les Dantin financent le fauteuil de leur fils (35.000 €), alors que l’aménagement de sa chambre et le matériel médical nécessaire représentent également des coûts colossaux. « Je veux qu’on me reconnaisse comme une victime, je ne suis pas un dommage collatéral, insiste Mathias Dantin auprès de L’Equipe. C’est pour cela qu’on a porté plainte, sinon on devait se contenter de ces 20.000 euros. »
Notre dossier sur le handicap
Après avoir dû renoncer à intégrer les forces spéciales de l’armée de terre qu’il visait avant son accident, le jeune homme veut à présent « alerter sans relâche sur la situation des handicapés », comme il le fait en intervenant très souvent dans des écoles. Il s’imagine bien aussi préparateur mental pour les sportifs. Ce procès ce mardi constituera probablement un tournant dans sa reconstruction.