Roumanie : Candidat pro-Trump, guerre en Ukraine, Europe… Pourquoi l’élection présidentielle est importante ?
Premier dimanche électoral sur une série de trois en Roumanie, qui va élire son président et renouveler sa chambre des députés. Un scrutin, organisé dans un contexte social et géopolitique tendu, qui pourrait couronner un candidat d’extrême droite dans ce pays d’Europe de l’Est historiquement ancré à gauche.
Parmi les 13 postulants à la présidence, le chef du parti AUR (Alliance pour l’unité des Roumains) George Simion, 38 ans, serait en position de se qualifier pour le second tour selon les sondages qui le créditent de 15 à 19 %, contre quelque 25 % pour le favori, l’actuel Premier ministre social-démocrate (PSD) Marcel Ciolacu, 56 ans. Cela représenterait un coup de tonnerre pour ce pays loyal à l’Otan et frontalier de l’Ukraine. On fait le tour des enjeux de l’élection.
Qui est George Simion, le candidat fan de Donald Trump ?
Casquette MAGA rouge vissée sur la tête, discours conspirationniste en bouche, George Simion détonne sur la scène politique roumaine. Entré en politique en 2019 et élu au Parlement depuis 2020, il ne cache pas son admiration pour le président américain et espère profiter du vent favorable aux courants ultra-conservateurs en Europe.
Contre toute aide militaire à Kiev qui l’a banni pour ses activités « anti-ukrainiennes », contre « la bulle corrompue » de Bruxelles, contre les droits des LGBT+ : le responsable prône une Roumanie « patriote » qui ne soit plus dirigée par « des lâches et des larbins » se pliant aux diktats extérieurs. « Je suis heureux que nous redonnions aux Roumains de l’espoir et la perspective d’un avenir meilleur », a-t-il déclaré dimanche, mettant en garde contre le risque de « fraudes » et « d’interférences étrangères ».
Que pourrait changer son élection en Europe et pour l’Ukraine ?
La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l’Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique « vital », rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l’Otan, dont elle abrite plus de 5.000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes. Ce pays de 19 millions d’habitants reste aussi historiquement ancré à gauche et europhile, alors que ses voisins en Slovaquie et en Hongrie sont dirigés par des nationalistes.
« La démocratie roumaine est en danger pour la première fois depuis la chute du communisme en 1989 », analyse le politologue Cristian Parvulescu. Avec « une donne qui s’est compliquée » depuis la victoire de Donald Trump aux élections américaines. Si George Simion réalise un bon score ce dimanche, son parti AUR devrait bénéficier d’« un effet de contagion » aux législatives du 1er décembre, entre les deux tours de la présidentielle.
La gauche peut-elle vraiment perdre le pouvoir ?
A Bucarest, plusieurs électeurs confient leur envie de « changement, de voir enfin les choses bouger », comme Andreea Irimie, enseignante de 29 ans, venue voter par un froid dimanche ensoleillé, d’autres évoquent leur peur de la guerre dans l’Ukraine voisine. Les bureaux ferment à 21 heures. Malgré une faible cote de popularité mais en tête des sondages, le Premier ministre Marcel Ciolacu espère convaincre avec un message de « stabilité » qu’il a répété après avoir glissé son bulletin dans l’urne, promettant d’offrir aux Roumains « un niveau de vie décent ». Sa formation, héritière de l’ancien parti communiste, structure la vie politique du pays depuis plus de trois décennies et gouverne actuellement en coalition avec les libéraux du PNL.
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En troisième position dans les sondages, Elena Lasconi, 52 ans, maire centre droit d’une petite ville, pourrait créer la surprise. « J’ai voté […] pour que plus personne ne fasse ses valises et quitte le pays », pour « des institutions qui fonctionnent, de bonnes écoles pour vos enfants, des hôpitaux pour vous soigner », a lancé dimanche cette ex-journaliste, dans un pays miné par la corruption et le départ à l’étranger de millions de Roumains. Et pour que ceux morts lors de la révolution de 1989 « ne le soient pas en vain ».