France

Retraites : « Une trahison »… Le « non » de François Bayrou aux 62 ans fait fulminer les syndicats (et l’opposition)

François Bayrou a probablement fait passer un mauvais dimanche aux syndicats. Le Premier ministre a clairement fermé la porte à un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans lors d’un entretien à France inter. Cette déclaration met en péril l’avenir du « conclave » sur la réforme de 2023, qu’il avait lui-même lancé. « Scandaleux », « trahison » , « incompréhensible »… Cette déclaration du Premier ministre n’a pas manqué de faire bondir les syndicats, mais aussi l’opposition.

« C’est scandaleux », a ainsi affirmé le négociateur de la CGT sur les retraites Denis Gravouil à l’AFP, en estimant qu’« on ne peut pas faire confiance à François Bayrou ». « ll y a une trahison des engagements du Premier ministre qui s’était engagé devant le Parlement, devant nous, à pouvoir discuter librement » des retraites, a poursuivi ce lundi sur franceinfo Denis Gravouil.

« La CFDT juge les propos de François Bayrou incompréhensibles », a pour sa part affirmé le négociateur de la CFDT, Yvan Ricordeau, dans une déclaration à l’AFP. « Il a ensuite clairement indiqué vouloir laisser la main aux partenaires sociaux. Il se contredit donc deux fois au risque de torpiller les discussions », a-t-il ajouté. « La CFDT rencontre le Premier ministre ce mardi, ce rendez-vous sera l’occasion d une véritable clarification », a assuré le responsable CFDT.

La gauche et le RN s’agacent

Cherchant à s’éviter la censure du Parti socialiste, François Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme menée par Elisabeth Borne, et confié aux partenaires sociaux la tâche de tenter de parvenir à un nouvel accord. Les concertations ont débuté le 27 février, syndicats et patronat étant censés se réunir chaque jeudi au moins jusqu’à la fin du mois de mai – même si Force ouvrière (FO) a d’emblée claqué la porte. François Bayrou s’est engagé à soumettre un éventuel accord, même partiel, à l’appréciation du Parlement. Mais il a semblé ce dimanche préempter l’issue des discussions, sur la question de l’âge de départ, s’attirant les foudres des syndicats mais aussi des oppositions.

« Le conclave est fini. Bayrou dit non à l’abrogation de la retraite à 64 ans », a réagi sur X le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, dénonçant un « foutage de gueule ». Le député socialiste Jérôme Guedj, fer de lance de son parti sur la question des retraites, a critiqué sur le même réseau une « faute » et « un mépris pour les partenaires sociaux », quand le patron du PS Olivier Faure a martelé que « la défense ne peut servir de prétexte à l’accélération d’une politique de suppression des droits ».

Lombard tente de calmer le jeu

Le vice-président du RN Sébastien Chenu a lui aussi jugé que cette sortie signifiait la « fin du conclave », sur BFMTV, estimant que cela ne plaidait pas en faveur d’un maintien durable de François Bayrou à Matignon.

Dimanche, le ministre de l’Economie Eric Lombard a atténué cette déclaration en affirmant sur BFMTV que « c’est aux partenaires sociaux de décider » de l’issue de ce « conclave ». « La position du gouvernement, c’est que le conclave doit se prononcer et cet engagement du conclave aura une force considérable », a-t-il assuré, sans reprendre à son compte les déclarations du Premier ministre.