France

Retraites : L’Assemblée nationale revote (symboliquement) sur l’âge de départ

Tout un symbole. Plus de deux ans après la promulgation de la réforme des retraites, et à quelques jours de la fin des travaux du « conclave » de partenaires sociaux censés y réfléchir de nouveau, les députés votent ce jeudi sur le sujet. Le groupe GDR (communistes et ultra-marins) a déposé une résolution pour réexaminer ce point crucial des débats. Cette résolution, qui a de fortes chances d’être adoptée, grâce au soutien de l’ensemble de la gauche et du RN, n’aura aucune valeur normative. Mais les communistes espèrent en faire un levier politique pour ranimer la contestation, alors qu’une journée de manifestation et de grèves est justement organisée jeudi, à l’appel de la CGT.

Quelque 165 points de rassemblement sont prévus en France. A Paris, le cortège s’élancera à 14 heures depuis l’Ecole militaire et doit passer à proximité du lieu où la concertation sur les retraites se poursuit. La proposition de résolution sera examinée dès 9 heures, à l’entame de la « niche » parlementaire de GDR, la journée annuelle consacrée à ses initiatives. Elle « affirme l’impérieuse nécessité d’aboutir à l’abrogation des mesures les plus régressives » de la loi du 14 avril 2023, à savoir « le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et l’augmentation de la durée de cotisation portée à 43 annuités dès 2027 ».

« Un peu de carburant pour la mobilisation sociale »

Aucun vote n’a jusqu’à présent pu avoir lieu au Palais Bourbon sur la réforme, adoptée via l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. La Première ministre d’alors Elisabeth Borne avait engagé sa responsabilité sur le texte sans être renversée. Par la suite, plusieurs tentatives menées par différents groupes ont échoué, la dernière en date étant celle de LFI, dans sa niche parlementaire fin novembre. La proposition de loi des Insoumis n’avait pu aboutir, victime de l’obstruction du camp gouvernemental. Une tactique que le PCF entend déjouer avec sa proposition de résolution, qui ne donne pas lieu à l’examen d’amendements.

Si le texte n’aura pas force de loi, Stéphane Peu, député de Seine-Saint-Denis, attend des « effets très puissants », et « un peu de carburant pour une remobilisation sociale sur le sujet, et peut-être aussi un raffermissement ou une relance de l’intersyndicale très large qu’on avait connue en 2023 ».

Le sujet de la réforme des retraites a retrouvé une actualité en janvier, à la faveur du compromis noué entre le Premier ministre François Bayrou et le groupe PS à l’Assemblée. Ces derniers ont accepté de ne pas censurer son gouvernement, contre un ensemble de promesses, dont la remise en chantier de la réforme. Mais après l’enthousiasme a rapidement point la déception. Après avoir appelé à des discussions « sans totem ni tabou », le Premier ministre a successivement imposé l’objectif d’un équilibre financier en 2030, puis fermé la porte à un retour aux 62 ans. Les syndicats FO et CGT ont claqué la porte dès le début des discussions. Les organisations restant autour de la table prévoient de clore leurs travaux le 17 juin. Pour l’instant, le Medef n’a exprimé aucune ouverture quant aux demandes des syndicats de salariés, qui veulent notamment obtenir des possibilités de partir plus tôt pour les femmes qui ont eu des enfants, ou pour les personnes ayant travaillé dans des conditions pénibles ou usantes.