Restos du cœur : Comment l’asso, en difficulté financière il y a un an, s’est refait une santé
Un peu d’air. Les Restos du cœur, qui assurent 35 % de l’aide alimentaire en France, ont retrouvé des comptes dans le vert, après un passage délicat. L’association a dégagé un excédent de 22 millions d’euros pour la campagne 2023-2024, alors qu’elle s’attendait à un déficit de 35 millions d’euros.
A la rentrée 2023, les Restos du cœur avaient tiré la sonnette d’alarme, avertissant de leur fragilité financière. Son président avait alors lancé un appel exceptionnel aux dons, auquel ont répondu les Français.
Les Restos n’étaient plus en mesure de faire face à l’afflux de personnes se présentant à eux, dans un contexte de hausse des coûts de fonctionnement. En outre, pour la première fois de leur histoire, ils ont dû baisser le niveau de revenu qui donnait droit à l’aide alimentaire, ce qui les a conduit à refuser 110.000 personnes lors de la campagne de 2023-2024.
Ils ont toutefois accueilli 1,3 million de bénéficiaires, soit autant que lors de la précédente campagne. L’association a distribué 163 millions de repas, le deuxième plus gros chiffre réalisé après les 171 millions de la campagne précédente.
« Qu’en sera-t-il demain alors que tous les indicateurs montrent que depuis 2020 la situation s’aggrave ? », s’est inquiété le président des Restos du cœur.
Lors de la dernière campagne, 70 % des personnes accueillies par l’association vivaient avec moins de 600 euros par mois, soit une hausse de 10 points par rapport à la précédente.
Cette année, alors que les Restos du cœur lancent ce mardi leur 40e campagne de distribution alimentaire, ils vont accentuer leur aide envers les familles monoparentales et les jeunes enfants.
Dès cet hiver, « nous allons renforcer fortement notre soutien à destination des tout-petits, mais aussi des familles monoparentales, en apportant des réponses au plus près des besoins alimentaires, matériels, mais aussi de lien social et d’insertion », a déclaré le président des Restos du cœur Patrice Douret.
Au fil du temps, le public rencontré par l’association fondée par Coluche en 1985 s’est diversifié. Le nombre de familles a notamment grimpé, en particulier celles monoparentales qui représentent un quart des bénéficiaires. L’an dernier, l’association a accueilli au total 128.000 enfants de moins de trois ans, un chiffre en hausse de 1,6 %.
« C’est une réalité que nous ne pouvons plus accepter », a martelé Patrice Douret, qui a appelé le gouvernement à soutenir les associations de lutte contre la pauvreté, en difficultés « depuis le choc inflationniste », en mettant en place notamment une TVA à 0 % pour leurs achats.
A l’occasion du lancement de cette campagne, le président des Restos a reçu le Premier ministre dans un chapiteau éphémère de l’association, installé à Gennevilliers, au nord de Paris, comme c’était le cas 40 ans plus tôt. Michel Barnier est revenu sur la situation financière délicate de la France : « On doit réduire cette dette. Mais je ne veux pas que cet effort touche les plus fragiles ». Il a également assuré qu’il ne laisserait « pas réduire le budget de solidarité ».