France

Rennes va interdire les tontes de pelouse dans ses déchetteries

C’est une décision qui risque de faire causer dans les jardins. A compter du 1er janvier 2024, le dépôt des tontes de pelouse sera interdit dans toutes les déchetteries de Rennes métropole. La mesure a été votée jeudi soir par les élus métropolitains. La capitale bretonne est la première grande ville à opter pour une telle interdiction. En France, seul le syndicat mixte intercommunal de collecte et de valorisation du Libournais et de la Haute Gironde avait adopté cette même mesure. Dans le même temps, les élus de Rennes Métropole ont acté la fin de la collecte des déchets verts qui était encore pratiquée à Rennes et dans quelques lotissements de Saint-Grégoire et de Saint-Jacques-de-la-Lande. Deux mesures emblématiques qui ont le même objectif : celui de valoriser les déchets verts au jardin.

Pour expliquer cette décision, le vice-président délégué aux déchets Laurent Hamon ne manque pas d’arguments. « Les tontes de pelouse sont constituées à 80 % d’eau. Ça veut dire que quand on charge la remorque pour aller à la déchetterie, on trimballe en grande partie de l’eau, alors qu’on pourrait la valoriser sur la parcelle. Il y a beaucoup de solutions et c’est assez simple à faire », assure l’élu écologiste. Laurent Hamon insiste aussi sur « les économies » réalisées par les habitants en ne prenant plus leur voiture pour évacuer les tontes. Dans la métropole, elles représentent environ 30 % des déchets verts récupérés en déchetterie mais sont assez difficilement valorisables par les collectivités. Si l’on exclut les personnes habitants en appartement, la quantité est loin d’être anecdotique : 380 kg par an et par habitant pour les seuls occupants de maisons individuelles ! Dans votre jardin, les tontes peuvent pourtant vous être très utiles.

Maraîchère pour l’association des Cols Verts, à Rennes, Aline Desurmont valide l’initiative. « Les déchets verts ne devraient pas sortir du jardin. Ils peuvent presque tous être valorisés sur place et trouver leur utilité », explique la professionnelle. La pratique la plus simple est celle du « mulching » qui consiste à ne pas ramasser les tontes pour protéger les sols. A ceux qui préféreraient ramasser, Aline Desurmont conseille d’utiliser la pelouse comme paillis. « On peut en mettre au pied des arbres (évitez les cerisiers qui n’aiment pas l’humidité), dans les massifs ou au potager. L’herbe coupée est riche en azote, elle va enrichir la végétation et lui permettre de se protéger du chaud ou du froid. » Il est conseillé d’étaler de fines couches de quelques centimètres afin d’éviter que l’herbe fraîche ne fermente. « Au potager, on peut même l’incorporer dans la terre sur 10 ou 15 centimètres. C’est un excellent engrais vert qui va donner un coup de fouet au sol grâce au travail des micro-organismes », ajoute l’agricultrice. Il est également possible d’en mettre au compost mais par couches afin d’éviter la putréfaction et un apport trop important en azote. L’idéal est d’alterner par couches avec des fines branches ou des feuilles.

Il est également vivement recommandé de ne pas tondre plus d’une fois par mois et de laisser l’herbe assez haute. « Les experts conseillent de tondre à 8 centimètres de hauteur », assure Laurent Hamon. En coupant trop court, on assèche le sol et on fragilise le gazon, notamment lors des périodes de sécheresse qui s’annoncent de plus en plus fréquentes. « Les végétaux sont nos alliés face au changement climatique. Il faut les utiliser et les valoriser », poursuit l’élu. En adoptant ces techniques, on peut également dire adieu aux engrais du commerce, même biologiques. Une décision qui intervient dans un contexte d’explosion du coût de traitement des déchets. Rappelons au passage qu’il est interdit de brûler des végétaux à l’air libre, pratique très polluante qu’il convient de bannir.

Il est conseillé de bien étaler les tontes de gazon notamment quand elles sont fraîches afin d'éviter la putréfaction.
Il est conseillé de bien étaler les tontes de gazon notamment quand elles sont fraîches afin d’éviter la putréfaction. – N . Rixxon/Sipa

Pour accompagner les habitants dans cette nouvelle pratique, Rennes métropole prévoit des actions de communication et de sensibilisation. Elle devrait également accompagner financièrement les habitants qui souhaiteraient s’équiper de kits de mulching. Cette technique consistant à couper très finement le gazon est la meilleure solution pour les jardiniers. Sans effort, elle permet à la pelouse de rester protégée, même en cas de forte chaleur. « Quand on ramasse, on appauvrit notre sol », assure Aline Desurmont. La maraîchère plaide pour « une tonte par mois maximum » et conseille de laisser une parcelle sauvage où les insectes pourront batifoler librement. « La nature est bien faite, ça ne devient pas la jungle. Mais c’est excellent pour la biodiversité ». Au 1er janvier, il n’y aura pas d’autre solution, alors autant s’y préparer dès maintenant.