France

Rennes : « On se bouche le nez »… Ces parents nettoient les toilettes de l’école

Ils se sont donné rendez-vous armés de produits ménagers et de tout leur courage. Ce samedi matin, des parents d’élèves de l’école Clemenceau située dans les quartiers populaires du sud de Rennes ont mené une grosse opération de nettoyage dans les toilettes de la cour. Une action symbolique pour dénoncer l’état déplorable de ces sanitaires dans lesquels leurs enfants n’osent même plus entrer. « C’est dommage que vous n’ayez pas l’odeur. Franchement, c’est immonde », rapporte Marie, maman et représentante des parents d’élèves à l’origine de cette action.

A la sortie de l’école, Bachir (le prénom a été changé) témoigne de ce calvaire que lui et ses camarades subissent au quotidien. « Je n’y vais pas tellement ça pue. Ou alors on se bouche le nez pour rentrer. Il y a des enfants qui se retiennent tellement qu’ils finissent par faire pipi partout. » Un brin timide, le jeune garçon finit par reconnaître qu’il « se retient » pour « les choses qui prennent un peu plus de temps » aux toilettes et attend de rentrer à la maison.

Des problèmes récurrents viennent pourrir la vie des élèves et des enseignants à l'école Clemenceau de Rennes. Des parents d'élèves ont mené une action quelques jours après la grève des enseignants.
Des problèmes récurrents viennent pourrir la vie des élèves et des enseignants à l’école Clemenceau de Rennes. Des parents d’élèves ont mené une action quelques jours après la grève des enseignants. - C. Allain/20 Minutes

Ces toilettes sont situées sous le préau et sont donc censées servir aux enfants sur tous les temps de récréation et périscolaires. Sauf qu’elles sont tellement dégueus que presque personne n’ose y aller. « On se retrouve avec des enfants de 10 ans qui se font pipi dessus », assure Marie. Avec les autres représentants de parents d’élèves, elle était du combat ménager organisé en catimini ce samedi. « C’est tellement sale, c’est horrible. » Les sanitaires étant à l’extérieur du bâtiment, les agents de propreté de l’école n’ont pas à s’en occuper. Et c’est donc au gardien de s’en occuper, lui qui n’est pas vraiment formé pour ça.

« Ça revient à chaque réunion depuis huit ans »

Élu depuis dix ans, Sylvain raconte les innombrables sollicitations de la municipalité pour répondre à cette situation qui dure depuis des années. « J’ai regardé dans les archives. La première fois qu’on a posé la question en conseil d’école, c’était en 2016. Et ça revient à chaque réunion depuis huit ans. Mais rien n’a été fait. » Face à cet immobilisme, les parents ont décidé de passer à l’action. « La fois où ces toilettes sont les plus propres, c’est après la fête de l’école, car ce sont les parents qui nettoient », assurent les deux représentants.

L’école, qui date des années 1970, souffre évidemment du poids des années. Sur la façade du bâtiment, un drapeau européen en lambeaux vient illustrer à lui seul l’état de vétusté de ce groupe scolaire. Un abandon ? Non, car il y a eu des travaux récemment menés. La cantine a été refaite et une cour « non genrée » a été aménagée. Le problème, c’est qu’elle n’est pas éclairée et qu’il est donc interdit d’y aller quand il fait nuit. En hiver, les enfants sont donc entassés sous le préau, faute de pouvoir être surveillés par des animateurs trop peu nombreux. « En maternelle, on a vu des soirs où il y avait deux animateurs pour 60 enfants. C’est totalement hors la loi. On a même des parents qui sont restés tellement c’était le Bronx », raconte Marie.

Une grève des enseignants

Dans cette école située le long du boulevard Clemenceau, la vétusté des bâtiments n’est malheureusement pas le seul problème. Ici, les enseignants souffrent et l’ont fait savoir à la direction académique. Usés par les multiples problèmes, les directeurs de la maternelle puis du primaire ont dû être arrêtés, poussant les enseignants à se mettre en grève le 21 janvier. Le manque d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) fait notamment éclore des situations explosives en classe, plombant le quotidien des enseignants et des enfants. Les parents d’élèves devraient quant à eux être reçus par l’adjointe à l’éducation de la maire de Rennes dès la semaine prochaine pour tenter de trouver des solutions à tous les problèmes. Et la liste est longue.