France

Rennes : Les étudiants détenus toujours privés d’Internet mais pas de cours en ligne

L’école derrière les barreaux. On le sait peu mais la prison est aussi un lieu d’enseignement et de formation. Tout détenu s’il le souhaite peut ainsi suivre des cours en vue de sa réinsertion. La formation peut être de base comme l’apprentissage de la lecture, de l’écriture ou du calcul. Ceux qui ont déjà suivi des études peuvent aussi profiter de leur temps d’incarcération pour se remettre à niveau et passer un examen comme le CAP, le bac ou le diplôme d’accès aux études universitaires.

Plus rares, certains suivent également des études supérieures derrière les murs. A Rennes, une quinzaine de détenus du centre pénitentiaire de Vezin et de la prison des femmes sont ainsi inscrits comme étudiants à l’université Rennes 2, suivant des formations en lettres modernes, en histoire, en anglais ou en psychologie. « On a même un projet de thèse et un master en cours », souligne Marc Bergère, vice-président de l’université chargé de la documentation et de la transition numérique.

Les détenus toujours privés d’Internet

Étudier en prison s’avère pourtant très compliqué. Privés d’Internet, qui reste toujours interdit « par des impératifs de sécurité », les étudiants incarcérés galèrent pour accéder aux ressources pédagogiques. Jusqu’à présent, des navettes faisaient chaque mois le tour des établissements pénitentiaires pour distribuer des piles de documents imprimés aux détenus concernés. Mais depuis peu, un nouvel outil a fait son apparition dans les salles d’études des deux prisons rennaises afin de lutter contre la fracture numérique.

Lauréat de l’appel national Campus Connectés, le projet Supbox permet aux étudiants en détention de suivre les cours au format numérique grâce à un micro-serveur fonctionnant sans accès à Internet. « Cela nécessite que les enseignants adaptent les contenus nécessitant une connexion Internet en proposant une alternative », précise François Gilbert, ingénieur techno-pédagogique au service universitaire de pédagogie de Rennes 2 qui pilote le projet.

« Les études sont une fenêtre ouverte sur l’extérieur »

Grâce à cet outil, les détenus ne se retrouvent donc pas pénalisés puisqu’ils ont désormais accès aux mêmes cours que les étudiants présents sur le campus et peuvent aussi interagir avec l’équipe enseignante « Cela permet de faciliter l’accès à une formation de qualité et de favoriser la continuité de formation pour ces détenus », souligne Olivier David.

Technique, le projet va bien au-delà selon Christine Rivalan Guégo, présidente de Rennes 2, pour qui « la formation en prison permet de favoriser la réinsertion et de prévenir la récidive. » « Pour ces détenus, les études sont une fenêtre ouverte sur l’extérieur, une bouée de sauvetage et cela donne un horizon », abonde Marc Bergère, qui espère que le projet Supbox pourra être déployé prochainement dans d’autres universités et établissements pénitentiaires.