Rennes : « J’étais sûr qu’il n’était pas chargé »… Condamné pour avoir tué son meilleur ami avec un fusil de chasse
Au tribunal correctionnel de Rennes,
L’histoire est tragique. C’est celle d’un jeune homme de 19 ans qui a ôté accidentellement la vie de son meilleur ami en manipulant une arme. Le drame était survenu le 23 juillet 2023 dans un pavillon de Cesson-Sévigné, près de Rennes. Quelques heures avant ce tir fatal, Thomas et Théo avaient passé la soirée dans une discothèque du centre-ville rennais, buvant un peu d’alcool et tirant sur un joint. A la fermeture de l’établissement, les deux amis avaient regagné le domicile de Thomas en taxi.
La soirée s’était prolongée jusqu’au petit matin avec un autre pétard fumé et une discussion autour de la chasse et de la pêche. Le moment choisi par Thomas pour montrer à son ami la carabine 22 long rifle dont il avait hérité de son père, décédé quand il avait cinq ans. « Je n’y avais jamais touché auparavant, ma mère me l’avait interdit », raconte le jeune homme, qui était jugé ce jeudi après-midi pour homicide involontaire devant le tribunal de Rennes.
« Je pensais d’abord qu’il blaguait »
Après avoir sorti le fusil, emballé dans un sac-poubelle et entreposé au-dessus d’une armoire, Thomas l’avait saisi à deux mains avant de pointer l’arme sur son ami qui filmait la scène. « J’ai fait ça pour la vidéo, sans trop réfléchir », assure-t-il à la barre. L’instant d’après, le coup part accidentellement et Théo s’effondre au sol. « Je n’ai pas compris ce qu’il s’est passé, je pensais d’abord qu’il blaguait jusqu’à ce que je voie qu’il était blessé », se remémore Thomas.
Paniqué, il prévient alors les secours avant de prodiguer un massage cardiaque à son ami. Touché à l’œil gauche, ce dernier, âgé de 19 ans, décédera trois jours plus tard à l’hôpital. « Je ne lui en veux pas car il a tout fait pour sauver Théo, c’est une connerie entre jeunes », témoigne la mère de la victime, très digne et qui n’a pas voulu porter plainte contre le meilleur ami de son fils.
« Une arme n’est jamais inoffensive »
Interrogée par la présidente du tribunal sur son imprudence aux conséquences dramatiques, Thomas assure que « le coup est parti tout seul » et qu’il n’avait pas conscience de la dangerosité de l’arme. « J’étais sûr que l’arme n’était pas chargée et qu’elle ne fonctionnait pas, répond-il. Je pensais que c’était un vieux fusil qui était désarmé depuis longtemps ». Il ne l’était malheureusement pas et il restait une cartouche à l’intérieur.
« Une arme n’est jamais inoffensive, elle doit toujours être vérifiée et être mise hors de portée, concède Me Pineau, avocat de Thomas. Mais il n’y a dans ce dossier nul besoin de sanction qui n’aurait de toute façon pas grand sens. Thomas et Théo étaient amis et la tragédie est double. Tous deux avaient l’impression de jouer avec une sorte d’arme en plastique avec l’absolue certitude qu’elle était inoffensive ».
Suivant les réquisitions de la procureure, le tribunal a condamné le jeune homme à deux ans de prison avec sursis. Il a également interdiction de posséder une arme pendant cinq ans.