Rennes : C’est quoi ce projet de lieu éphémère dans l’ancien arsenal militaire ?
C’est un lieu qui est longtemps resté secret. Planquées derrière une clôture de grillage blanc, les vieillissantes halles de la Courrouze ont abrité les travaux militaires de l’entreprise Euro-Shelter pendant une centaine d’années. Cet ancien arsenal hébergeant des activités secrètes n’avait pas pour habitude de s’ouvrir au public. Mais ce sera désormais bientôt le cas. Avec le déménagement d’Euro-Shelter à la Janais, la ville de Rennes a pu racheter les cinq hectares de hangars pour y installer son projet d’occupation éphémère baptisé Les Halles en commun. Depuis quelques semaines, les structures y posent progressivement leurs valises pour occuper ce lieu et le faire vivre pendant trois à quatre années. Le temps d’imaginer un avenir pour cette passoire thermique dont les toitures sont soit percées, soit amiantées. Soit les deux.
A l’image des Grands Voisins à Paris ou de l’ancienne gare Saint-Sauveur, à Lille, les halles de la Courrouze s’inscrivent dans une logique « d’urbanisme transitoire ». Derrière ce terme pompeux se cache un concept en vogue. Celui d’occuper des bâtiments en attendant de décider de leur future utilisation. « Ce lieu doit être un espace de liberté. Ses occupants pourront y inventer des choses en se l’appropriant », résume Nathalie Appéré. La maire socialiste prend l’exemple de l’Hôtel Pasteur, ancien hôpital universitaire qui accueille des salles d’expositions éphémères mais aussi une école.

Dix-neuf structures issues de l’économie sociale et solidaire viendront progressivement s’y installer avec la même ambition : celle de s’ouvrir sur la ville et ce quartier champignon qui manque encore d’animation. « L’objectif est vraiment de faire tomber cette clôture qui a gardé ce lieu secret pendant toutes ces années », assure Mehdi Teffahi, responsable d’opération chez Territoires, aménageur public qui pilote le projet. A terme, 190 logements seront construits dans cet espace de cinq hectares où les voitures seront interdites et auront obligation de se garer à l’extérieur. Très minéral, le site fera également une place à la nature.
Un bistrot culturel bientôt réel
A La Courrouze, certaines structures peuvent déjà occuper les bâtiments les plus fonctionnels qui ne seront sans doute pas conservés à terme. La troupe de théâtre La Centrifugeuse a par exemple investi l’ancien hangar où se trouvait la poinçonneuse d’Euro-Shelter. Un espace vétuste et pas chauffé mais parfaitement insonorisé. « Ce lieu, c’est une base pour nous qui sommes nomades. Cette salle est idéale pour répéter », assure Jérôme, l’un des comédiens de la troupe.

La recyclerie La Belle Déchette va également s’installer et proposer ses articles de seconde main. Mais le lieu de retrouvailles sera ailleurs. A l’entrée du site industriel, un bâtiment de stockage de 200 m² sera occupé par un bistrot qui se rêve en cantine alternative. « L’arrivée du métro va développer le quartier, attirer le public dans le quartier. Notre envie, c’est de devenir la vitrine, la porte d’entrée des Halles en commun », explique Benjamin, qui espère ouvrir le bar en septembre 2023.
Associé à Gaspard et Martin, qui tiennent le foodtruck Hey Bro, le membre de l’association La P’tite Planche, le jeune homme rêve aussi d’installer dans les halles désaffectées sont « paletdrome ». Lauréat du dernier budget participatif, ce projet de lieu abrité dédié à la pratique du palet pourrait bien s’installer ici, tant que les voisins sont rares. Autant d’idées qu’il faudra voir infuser pendant trois à quatre années. Le temps pour le site de se dessiner. « Mais pas sous le seul crayon des urbanistes », prévient la maire.