France

Rennes : 15.000 habitants et zéro boulangerie au Blosne, besoin de pain frais.

Sur la place Jean-Normand, à Rennes, il n’y a aucune boulangerie pour une population de plus de 15.000 habitants. Une boulangerie ambulante est prévue pour s’installer dans le quartier en 2027, et un appel à projets a été lancé pour offrir du pain frais tous les jours de la semaine, de 16 heures à 20 heures, à la sortie de la station de métro Le Blosne.


Une boucherie, un bureau de tabac, une pharmacie, une banque et même un opticien. Pourtant, sur la place Jean-Normand, au cœur du quartier du Blosne à Rennes, aucune boulangerie n’est visible. À quelques centaines de mètres, pas d’odeur de pain frais à la sortie de la station de métro Triangle, où se trouvent un café-restaurant, une librairie et un supermarché coopératif. Il est inutile de chercher plus loin, car il n’y a pas de boulangerie dans ce quartier populaire de la capitale bretonne, qui compte pourtant plus de 15.000 habitants.

« C’est une vraie anomalie », concède une habitante. « Il y en a à tous les coins de rue dans le centre-ville, mais aucune ici, alors que c’est pourtant indispensable. Les gens ont besoin de pain frais. » Jean-Yves, résident depuis cinquante ans dans l’un des quartiers les plus pauvres de la ville, se souvient de l’époque où il y avait encore trois boulangeries. Celles-ci ont fermé les unes après les autres, la dernière, Phylia, ayant baissé le rideau en avril dans le petit centre commercial Sainte-Elisabeth, qui doit être rasé par la ville. Quelques mois plus tôt, celles de Torigné et du Landrel avaient connu le même sort.

### Deux dépôts de pain pour « la dépanne »

Bien que quelques commerces aient déménagé sur la place Jean-Normand, le nouveau cœur commercial du quartier, aucune boulangerie n’a suivi ce mouvement. Ce qui désole Jean-Yves. « Il y a parfois deux boulangeries dans certains villages, mais aucune ici, c’est incompréhensible car il y a une clientèle », indique ce retraité. Pour trouver leur baguette, les habitants doivent donc se rendre dans le secteur Italie, situé à une quinzaine de minutes à pied. « J’y vais en voiture, mais je comprends que cela soit compliqué pour certains, surtout pour les personnes âgées qui aiment avoir tout à proximité », confie Hassan, rencontré à la sortie de la boucherie.

Il existe bien deux dépôts de pain dans le quartier, dans un café et au tabac-presse. « Cela dépanne, mais cela n’a rien à voir avec une bonne boulangerie », assure Jean-Yves. En discutant avec son voisin, Alain, celui-ci préfère se rendre à la grande galerie commerciale du Carrefour Alma, à la lisière du quartier du Blosne. « J’achète plusieurs baguettes quand j’y suis, puis je les congèle. C’est sûr que ça n’a pas la même saveur que du pain frais, mais je m’adapte », souligne-t-il.

### Un appel à projets pour une boulangerie ambulante

Alain n’a pas d’autre choix, car la boulangerie qui doit s’implanter dans le quartier n’ouvrira pas avant 2027 sur la place Jean-Normand, soit plus de deux ans après l’ouverture du pôle commercial. « C’est une erreur de notre part car la présence d’une boulangerie est essentielle dans un quartier », reconnaît Ludovic Brossard, conseiller municipal délégué à l’alimentation durable à la ville de Rennes.

Pour compenser ce manque, un appel à projets a été lancé pour l’implantation d’une boulangerie ambulante tous les jours de la semaine, de 16 heures à 20 heures, à la sortie de la station de métro Le Blosne. « Cela peut intéresser des paysans-boulangers du secteur qui sont déjà présents sur les marchés », assure l’élu. « Il y a en tout cas une forte demande pour du pain frais et artisanal que nous devons satisfaire. » Car le pain, c’est la vie. Les pains au chocolat et les chouquettes aussi.