France

Réformes des retraites : « Faites le plein de carburant », avertit à Marseille la CGT

Un fort vent bat les drapeaux CGT postés devant la raffinerie de Lavera, à Martigues, et un vent de colère souffle parmi les grévistes de la zone industrielle de l’ouest marseillais. Assis derrière des tables accolées pour former une tribune dans les locaux en préfabriqués du syndicat, la dizaine de délégués CGT des principales industries du secteur pétrochimique de la zone enchaîne les prises de paroles et affiche unité et détermination dans la lutte contre la réforme des retraites dont le texte revient à l’Assemblée nationale ce jeudi.

« Nous avons décidé ce matin en AG [assemblée générale] de la reconduction de la grève. L’activité est arrêtée jusqu’à lundi prochain. C’est aussi pour aider toute la pétrochimie à entrer dans la lutte et montrer qu’il faut y aller », explique Benoît Facchetti, délégué CGT de Fluxel dont les 225 salariés opèrent les terminaux pétroliers de Fos et Lavera. Forcément, cette mise à l’arrêt change la donne dans le secteur stratégique des carburants. « Faites le plein », conseille Olivier Mateu, secrétaire général de l’union départementale CGT des Bouches-du-Rhône et candidat à la succession de Philippe Martinez.

« S’il utilise le 49.3, il n’y aura plus de règle »

Dans la foulée, Serge Coutouris, secrétaire CGT fédéral adjoint des ports et docks annonce « l’arrêt des ports pour 72 heures ». Une séquence qui sera ponctuée jeudi par une journée ports morts. « Y’a rien qui rentre, y’a rien qui sort. Et ça fait mal [à l’économie] », résume le numéro 2 des ports et docks de la CGT qui promet que prochainement « les plus grands ports français annonceront entrer dans la lutte ».

Se succèdent alors des représentants de différents secteurs d’activité, cheminots, territoriaux, de Kem One, des raffineries de La Mède et de celle de Total-Inéos, « la troisième plus grosse de France », précise son délégué. « Actuellement, la production est inférieure à la consommation et c’est toute la chaîne de production de carburants qui est touchée. Nous allons vers une situation proche de l’automne dernier », avertit-il en référence aux relatives pénuries constatées il y a six mois et qui avaient conduit l’Etat à restreindre les achats de carburants dans certains départements.

Avec en fond des menaces de franchir à de nouveaux paliers et des difficultés qu’éprouve la centrale syndicale à retenir sa base : « Aujourd’hui, on retient les travailleurs pour qu’ils conduisent des actions, disons, raisonnables. Mais si le gouvernement s’entête, il n’y aurait aucune limite dans le secteur de l’énergie », prévient Renaud Henry, de la CGT mines énergies, dont les actions « Robin des bois » ont eu un certain écho.

Le retour du texte à l’Assemblée nationale, après son approbation par le sénat samedi soir et sa possible adoption de la réforme dès ce jeudi fait nécessairement entrer le mouvement social d’opposition à la réforme des retraites dans une semaine décisive conduit le syndicat à hausser le ton, après des manifestations massives, voire historiques. « Si le gouvernement utilise le 49.3, il n’y aura plus de règle pour personne, que l’on soit claire », fait savoir Olivier Mateu avant d’avertir sur les risques « d’embrasement en cas de réquisitions ». D’ici là, syndicats et manifestants se retrouveront dans la rue pour une 8e journée de mobilisation ce mercredi.